La Continence de Scipion (titre factice)
- 882.1.213
" Ce thème, tiré du texte de Tite-Live relatif à l'histoire de Scipion l'Africain, a été très fréquemment utilisé à partir de la Renaissance pour exalter les vertus que l'on attend des princes : rigueur et chasteté, clémence, justice et pardon. Aux XVIIe et XVIIIe siècles sa vogue a été immense surtout en Italie et en France ; elle s'est étendue du domaine pictural au domaine théâtral et même musical.
Cette superbe sanguine est certainement une étude pour le tableau ayant figuré à l'exposition "Baroque et Rococo" présentée à Londres par la Hazlitt Gallery en 1962. Ce tableau, datant des années 1733-35, a été reproduit dans la livraison de mai de la même année du Burlington Magazine (Vol. 104, n° 710). Autrefois attribué à Sebastiano Ricci, il appartient aux collections du musée du Louvre (INV 565).
Plus dépouillé que l'oeuvre peinte, le dessin est resserré sur les figures des protagonistes ce qui correspond à la partie centrale du tableau. Les personnages sont disposés selon une diagonale qui libère le premier plan et la marge droite. Cette composition, rythmée par des lignes brisées, a pour effet de dégager l'espace autour des deux héros et de diriger le regard sur le geste qui les unit.
Tenant le bâton de commandement de la main gauche, Scipion, tête penchée, est assis, de face, sur un siège aux accoudoirs en forme de lion, symbole de puissance et de justice. Il porte une tenue fantaisiste faite de draperies et d'une cuirasse à la romaine proche des costumes de théâtre ou d'opéra. Un casque à plumet et à houppes le coiffe. Installé sur une large estrade à trois degrés, il domine Allucius, vu de profil, qui plie le genou, la main droite sur la poitirine. Sa posture suggère la force et la sérénité de celui qui a la certitude de la maîtrise de soi. A ses pieds, le prince des Celtibères s'incline, corps courbé, tête et épaules baissées, dans un mouvement de gratitude. Il saisit la main que lui tend Scipion dans un geste qui est celui de la cérémonie d'hommage, de vassalité. Juste derrière lui, deux porte-étendards et deux jeunes serviteurs qui apportent plats et vases d'orfèvrerie destinés au rachat de sa fiancée, observent la scène dans une attitude naturelle et pleine de vie. Des notations vestimentaires modernes, fraise, manteau à glands, coiffures, situent le dessin dans la tradition de la peinture décorative vénitienne qui prend ses origines au XVIe siècle chez Véronèse.
Ce traitement du sujet assure ainsi à la Continence la valeur pédagogique de l'exemple universel.
Ce dessin très abouti présente de nombreuses variantes avec le tableau. Des bandes hachurées remplacent les architectures ; les postures des personnages sont différentes ; un chien, récurrent dans l'oeuvre de Pittoni, apparaît à gauche au premier plan. Un splendide travail d'ombres et de lumières, obtenues par des réserves de papier et des surcharges de sanguine, rehausse l'intensité émotive de la scène. Ces modulations subtiles, obtenues par des zones de fines hachures, sont habilement soulignées par les traits incisifs de la sanguine. Ceci confère à l'ensemble une grande préciosité, tout en lui conservant son dynamisme théâtral. Stylistiquement fondé sur l'étude de la ligne, ce dessin diverge totalement du tableau conçu par la seule couleur".
(F. d'A., Dessins d'histoire Poitiers 2009)
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
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