Comme l’indique l’artiste lui-même dans une lettre à Brillouin du 14 octobre 1850, Cervara ou Cerbara est un lieu réputé pour ses costumes et la fière allure de ses habitants. La petite localité est située dans les Apennins entre Rome et Naples; haute perchée, très pittoresque, mais pauvre, elle fut un repaire de brigands aux costumes rutilants, avant de devenir dans les années 1830 un vivier de pittoresque pour les artistes ; Cabat, le maître de Curzon, et Hébert son contemporain travaillèrent à Cervara. Dans une lettre à Brillouin datée du 1er octobre 1851, Curzon écrit «  nous avons fait poser quelques femmes, avec leur costume qui n’est pas encore tout à fait disparu ; mais les femmes qui veulent bien poser sont rares et faire toujours les mêmes devient fastidieux ».

Datée de « Cerbara( ou Cervara)  21 septembre 1851 « cette charmante aquarelle dont la vivacité et la finesse sont dignes d’un Delacroix, nous présente une très jeune fille  plutôt qu’une femme( vu les proportions du corps), les mains sagement croisées, une panière sur la tête, comme figée à l’instant de son passage devant l’artiste voyeur. Peut-être devons-nous y voir un effet du daguerréotype, utilisé par de Curzon dans ses pérégrinations avec son ami Bouchaud. ; sinon admirons le parti des plis du tablier qui trahissent le mouvement du corps, ou encore l’imperceptible flexion de la cheville gauche quand le pied se pose

Le modèle est vu de face et debout , portant sur la tête une imposante corbeille plate d’où émerge un pan d’une  pièce de tissu rouge sombre . Les bras sont laissés pendants le long du corps, les deux mains se  rejoignant , posées l’une sur  l’autre. La femme porte une jupe de laine bleue sombre longue dévoilant les chevilles des jambes recouvertes de  ces bas rouges. que le Magasin pittoresque d’Edouard Charton, de 1859 se plait à comparer à ceux des cardinaux de la curie romaine ( cf Le Magasin pittoresque , 27e année, , année 1859, p. 146) Un tablier rayé bleu et blanc recouvre le centre de la jupe,  retenu par une ceinture rayée leu et rouge avec des rubans bleus. Le corsage blanc plissé est recouvert d’un plastron et d’épaulettes ornementés dorés tandis que les bras arborent des manches rapportées de  couleur rouge retenues au plastron par des rubans blancs et bleus.