"Le décor du plafond de la salle du consistoire du Palais public à Sienne, éxecuté entre 1529 et 1535 par Beccafumi, évoque en son centre une représentation des Trois vertus nécessaires au bon gouvernement : dans un occulus, la Justice ; de part et d'autre, dans des octogones, l'Amour de la Patrie et la Bienveillance mutuelle. Six scènes restangulaires et deux octogonales les complètent. Dans les angles des demi-tondi représentent des personnages historiques tirés des Factorum et dictorum memorabilium libri de l'historien latin Valère-Maxime ou de l'Histoire romaine de Tite-Live. Une thématique inflexible domine : la mort sans pardon ou recours, par condamnation ou choix personnel, de ceux qui transgressent la loi ou attentent à la liberté de l'État. La règle, impitoyable, s'applique à tous, quelle que soit leur origine ou la raison de leur désobéissance.
Le dessin du musée Sainte Croix de Poitiers a été copié d'après la fresque de Beccafumi [...]. Le dessinateur a été confronté à la difficulté de rendre les effets bien réels de profondeur du caisson et des architectures définis par la couleur dans la peinture. Pour réussir cette traduction, il a joué astucieusement de lignes bien marquées et de hachures ou de lavis subtils.
Des putti ou des personnages nus animent les angles et lient la scène principale et les scènes narratives qui l'encadrent.
Isolé au centre de la composition, le bourreau vu de trois quarts profil, se dresse, l'épée à la main, au sommet des degrés qui creusent l'espace. Il vient de lâcher la tête de Spurius Cassius qui roule sur les marches auprès du corps. À gauche, au premier plan, le père de Spurius, assis dans une posture mi-impérieuse mi-relâchée, se détourne, la main repliée sur la poitrine dans un geste qui exprime le rejet, sans un regard pour le cadavre de son fils. Tout autour, des hommes et des enfants assistent bouche bée à l'exécution, acquiesçant au supplice et à la mort de Spurius.
L'usage du contrapposto particulièrement net sur la figure centrale et des perspectives en raccourci, dynamise l'image et lui donne une force dramatique indéniable. Les personnages sont saisis dans l'instantanéité de leur gestes et réactions, quittant le registre de l'allégorie pour illustrer un moment du récit et lui donner valeur exemplaire de morale civique".
(F. d'A., Dessins d'histoire Poitiers 2009)
Le dessin est réalisé sur papier ocre.