Au Salon de 1846 à Paris, Curzon expose avec quatre peintures un ensemble important de sept dessins au fusain : cinq d’entre eux illustrent l’un des Contes d’Hoffmann Maitre martin le tonnelier et ses compagnons (Meister Martin der Küfner und seine Gesellen ) appelé aussi Le Tonnelier de Nuremberg , qui situe dans le Nuremberg du XVIe siècle la fable pittoresque et fantastique de jeunes artisans amoureux de la fille d’un riche tonnelier bourgeois de la cité. Maitre martin le tonnelier et ses apprentis a été composé en décembre 1817 et janvier 1818.
Rosa n’est pas le premier dessin dans la chronologie mais il apparaît le premier dans le catalogue officiel car il semble bien qu’il ait été le premier achevé. On remarque également qu’il porte une double signature. En effet si la signature officielle se trouve sur le chapiteau, en haut à gauche, on découvre, en bas à droite, sur le montant du tabouret qui supporte une draperie, le monogramme de l’artiste . Si Alfred de Curzon n’est pas tout à fait fidèle à la lecture du texte : " Le matin, les jeunes filles ont coutume de songer à toutes les joies d’une fête de la veille, et cette réminiscence est pour elles souvent aussi agréable que la fête même. La belle Rosa était assise dans sa chambre, les mains jointes sur sa poitrine, la tête baissée, laissant reposer son rouet et son aiguille", il en a gardé l’esprit.
Rosa est assise sur une cathèdre, le regard perdu dans ses souvenirs. Sa main droite s’appuie sur le rebord de la fenêtre qui s’ouvre sur la cité de Nuremberg. Son pied gauche est posé sur un coussin près duquel se trouve un rouet et une quenouille, objets que nous verrons souvent reparaître dans les œuvres d’inspiration italienne de l'artiste ( cf : Une jeune mère italienne en prière, n° inv. 896.1.189). Une treille relie entre elles les deux colonnades torsadées qui encadrent l’ouverture. Une tenture clôt le dessin sur la droite[…].
Alfred de Curzon s’est inspiré pour son dessin de deux passages où Hoffmann dresse un portrait physique et moral de Rosa : « Les jeunes filles, d'ordinaire, ne ressentent réellement et complètement le plaisir d'une fête que le lendemain, et cette fête après la fête leur paraît presque aussi belle, aussi enivrante. Il arriva ainsi que la charmante Rosa, assise toute seule dans sa chambre le lendemain matin, les mains jointes et son ouvrage abandonné sur ses genoux, rêvait agréablement, sa petite tête penchée sur sa poitrine. Peut- être bien qu'elle croyait entendre les chansons de Reinhold et de Frédéric, ou qu'elle voyait agenouillé devant elle l'ardent Conrad réclamant le prix de ses victoires multipliées. Car tantôt elle murmurait quelques strophes de chansons, et tantôt elle disait tout bas : « Vous voulez avoir mon bouquet ?.... » Alors une plus vive rougeur colorait ses joues, et de rapides éclairs étincelaient sous ses longs cils, et de doux soupirs s'échappaient du fond de sa poitrine. ». (trad. fr. Henry. Egmont, Paris, 1836, chapitre VIII : Entretien de la dame Marthe avec Rosa au sujet des trois compagnons).
L'artiste s'inspire aussi de l’épisode où Hoffman fait une description de Rosa lorsque son père la présente au conseiller Jacob Paumgartner :« A peine y fut-il entré, que maître Martin cria d'une voix forte : « Rosa ! – Rosa ! » Et presque aussitôt la porte s'ouvrit, et Rosa, la fille unique de maitre Martin, entra. Ah ! bien-aimé lecteur, que ne peux-tu évoquer en ce moment devant toi les chefs- d'oeuvre de notre grand Albert Durer ; ah ! que ne peuvent-elles t'apparaître vivantes et animées, ces ravissantes figures de vierges que nul autre pinceau n'a reproduites si pleines de grâce et de majesté, respirant à la fois une piété et une tendresse si touchantes ! Eh bien ! représente- toi cette taille noble et délicate, ce front arrondi plus blanc et plus velouté que les lys, cet incarnat rosé et transparent des joues, ces lèvres fines colorées d'un sang pourpré, cet oeil plein d'une langueur mystique et à demi-voilée par de longs cils, comme un rayon de la lune qui tremble sous le sombre feuillage, ces cheveux soyeux rassemblés en nattes élégantes : bref, réunis toutes les beautés de ces vierges divines, et tu auras vu la délicieuse Rosa. Pauvre conteur, je ne saurais te faire autre- ment le portrait de cette céleste enfant. – Qu'il me soit permis de citer aussi un jeune et excellent peintre, dans le sein duquel l'art s'est éveillé à la lueur sacrée de ce passé splendide. Il s'agit de l'allemand Cornélius, qui réside à Rome. Telle nous apparaît Marguerite de l'admirable Faust de Goethe, dans la gravure de Cornélius, lorsqu'elle prononce ces paroles : « Je ne suis ni noble demoiselle, ni belle, » telle Rosa, quand elle opposait sa candide modestie aux empressements présomptueux dont elle était sans cesse l'objet ».(trad. fr. Henry Egmont, Paris, 1836, chapitre V, p. 67).
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
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1845
(b.d.)
(h.g.)