Cette étude de dimensions exceptionnelles, sur une feuille découpée en tondo, exécutée à la plume et au lavis d'encre noire et brune, et rehaussée de gouache blanche, fut classée par Brouillet parmi les anonymes d'école française, puis attribuée par Jean-Marie Moulin à l'école italienne du XVIIe siècle.
"C'est une étude préparatoire au décor à fresque d'une coupole, celle de la chapelle dédiée à saint Bruno dans la chartreuse San Martino à Naples. L'ensemble du décor de la chapelle était consacré aux épisodes de la vie du saint, la coupole réservée à son apothéose. Saint Bruno, fondateur de l'ordre des chartreux, canonisé en 1514, avait été inscrit au calendrier romain en 1622. Il s'ensuivit une vague de décors dans de nombreuses chartreuses de toute l'Europe, illustrant les scènes remarquables de sa biographie. La commande pour Naples fut passée à Massimo Stanzione au début des années 1630.
L'artiste a disposé tout autour de la base de la coupole des groupes de moines et d'anges qui assistent à la gloire du saint s'élevant vers la lumière divine, les bras en croix, porté par des anges aux ailes déployées.
Dans cette étude de dimensions importantes sont déjà réparties les masses qui rythment le décor définitif. De nombreuses variantes la distinguent toutefois de la composition peinte, notamment l'adjonction, dans la fresque, d'anges musiciens assis sur la balustrade.
L'usage de gouache blanche, dans le dessin, permet au peintre de travailler la lumière qui inonde cette apothéose à partir du sommet, manifestation de la présence de Dieu comme de la sanctification du fondateur de l'ordre accueilli au ciel.
Les dessins connus de Massimo Stanzione sont rares, ce qui ajoute à l'intérêt de cette grande feuille circulaire. On ignore si Alexandre Babinet connaissait le lien entre ce dessin et le décor napolitain. Cette acquisition témoigne du goût qu'il cultivait pour les oeuvres ambitieuses, au caractère pictural affirmé par l'usage du lavis et de la gouache blanche"
(A.B.P., Dessins d'histoire Poitiers 2009).

Sur l'ancien montage, une étiquette portait, à la plume, l'indication : B 64. Le montage est récent, le doublage a été supprimé.
L'attribution à Massimo Stanzione par Sebastian Schütze est datée d'une lettre du 8 décembre 1987.