"Le sujet de ce dessin est un des plus célèbres épisodes de l'histoire romaine. Au cours de la guerre qui oppose Rome aux Étrusques, Caius Mucius décide pour sauver la ville de tuer Porsenna leur roi. Ayant obtenu l'accord du Sénat, il se déguise, franchit le Tibre à la nage et s'introduit dans le camp ennemi. Là, il se précipite sous la tente royale et poignarde par erreur un personnage vêtu d'habits somptueux qu'il a confondu avec le souverain.
Immédiatement arrêté, il est menacé de torture par le feu s'il refuse de parler et de dénoncer ses éventuels complices. Mucius préfère plonger lui-même sa main droite, celle qui a tué, dans le brasero et tandis qu'elle se consume s'exclame : "le corps est peu de chose pour celui qui n'aspire qu'à la gloire" (Tite-Live, Décades).
Porsenna, admiratif, lui laisse la vie. Mucius lui fait alors croire qu'il n'est pas venu seul mais avec de nombreux soldats aussi courageux que lui. Le roi impressionné décide de lever le siège. Rome est sauvée. Sa main étant perdue, Mucius reçoit le surnom honorifique de Scaevola-le gaucher.
Ce dessin a été copié d'après une xylogravure exécutée par Antonio Fantuzzi da Trento (v. 1508-1550) d'après le Parmesan. Ce graveur actif à Fontainebleau entre 1537 et 1550 a largement contribué à faire connaître les oeuvres admirées des artistes italiens de la première moitié du XVIe siècle. La gravure (Bartsch, XII, p. 152, n° 21) montre l'intégralité de la composition du Parmesan. Elle permet d'identifier le dessin de Poitiers qui a été coupé par le milieu à une date inconnue, la partie perdue montrant Mucius Scaevola et le brasero. Le dessin, malgré quelques différences de détails, est largement redevable au chiaroscuro de la gravure : hachures prononcées, lavis appuyés sur les réserves de papier. Le graphisme plus souple des tracés de plume et la liberté des lavis adoucissent les traits hérités de la gravure sur bois et se rapprochent de la sinuosité des formes du Parmesan".
(F. d'A., Dessins d'histoire Poitiers 2009)