Le sujet de cette composition à la sanguine rehaussée de lavis de sanguine est tiré des Métamorphoses d'Ovide : pour protéger Io de la jalousie de Junon, Jupiter a transformé la jeune femme en génisse et l'a confiée à la garde du vieillard Argus. Déjouant les plans de son époux, Junon envoie Mercure, déguisé en jeune berger, auprès d'Argus. Mercure s'apprête à tuer le gardien qui s'est assoupi.
L'artiste a saisi l'instant où Mercure tire son arme de son fourreau, alors qu'Argus, assis au pied d'un arbre, est endormi la tête sur son bâton. Au verso, quelques lignes sont tracées autour des silhouettes et proposent une variante : Mercure tend son arme vers la tête d'Argus.
L'usage important du lavis de sanguine dans cette feuille lui confère un caractère pictural. Le contraste entre les corps des deux protagonistes, aux arêtes tracées avec précision et rehaussées de lavis, et le feuillage de l'arbre en arrière-plan, tout juste esquissé par de grandes touches de lavis, concentre l'attention sur les personnages dont les attitudes s'opposent : à l'abandon du vieillard, décrit de face, les bras au repos, répond le dynamisme du jeune messager, le corps en torsion, dont les jambes et la tête, tournées vers la gauche, forment une parallèle avec les bras tendus vers la droite.
Boîte C8.