Ce dessin à la composition pyramidale asymétrique illustre la dernière scène de l'enfance du Christ selon l'évangile de saint Luc (2, 40-47). Détaché du groupe, Jésus, âgé d'une douzaine d'années - mais vu ici comme un jeune adulte - trône sous un dais dans le temple, assis sur un siège surélevé devant une niche à coquille. Il domine la scène physiquement et plastiquement. Sa stature majestueuse est renforcée par l'ampleur des plis de sa robe, et le caractère éminent de son intervention est suggéré par la position et les mouvements de ses mains. Assis à ses pieds et debout derrière lui, les théologiens l'écoutent avec un intérêt manifeste, ou vérifient ses assertions dans les livres ouverts devant eux. A gauche, légèrement en retrait, Marie et Joseph observent la scène, l'air recueilli et admiratif. A travers une baie en plein cintre on aperçoit, à gauche, dans le lointain, un temple circulaire.
L'ordonnancement de ce dessin met en évidence la symbolique architecturale développée autour du Christ. La niche, qui réunit dans sa structure le sens donné à la sphère (le divin) et au cube (la réalité d'ici-bas), et dont la forme rappelle le coquillage qui protège la perle (le Christ), complète celui du dais. En effet, le baldaquin représente la protection due à ce qu'il convient d'adorer ou de révérer et délimite un espace sacré. La combinaison dais/niche à coquille peut être interprétée comme mise en scène de l'Incarnation. Elle éclaire les paroles prononcées par Jésus : "ne saviez-vous pas qu'il me faut être chez mon père".
La représentation frappe par son étrangeté et par l'accumulation de détails inhabituels. La composition, très hiérarchisée, apparaît archaïque et s'inscrit dans la tradition d'artistes flamands des XVe-XVIe siècles comme Quentin Metsys. La posture et la gestuelle des docteurs sont curieusement modernes et s'inscrivent mal dans la typologie classique du XVIIe siècle. De plus de nombreux détails de leurs costumes rappellent des vêtements portés à des moments différents en des lieux éloignés : toquets du règne d'Henri IV, chausses médiévales, chaperons gothiques, manteau drapé en toge à la romaine ...
De même, la recherche d'expressivité exacerbée touche presque à la parodie. Cela est évident avec la figure du docteur qui rajuste ses besicles sur un nez tellement crochu qu'il évoque le bec d'un rapace. Est-ce une caricature drolatique ou le rappel savant de l'image du hibou nyctalope qui depuis le XIIe siècle est le symbole de l'homme qui refuse la Révélation du Nouveau Testament ?
Ce goût démesuré pour l'anecdote fait perdre une part d'unité à l'oeuvre, et semble trahir un pastiche tardif. Peut-être est-ce là l'amorce d'une recherche historique encore maladroite, annonciatrice du style troubadour dans des sujets d'histoire médiévale à moins qu'il ne faille y voir un faux "à la manière flamande" du tout début du XIXe siècle, préfigurateur des styles historicisants.
Trait d'encadrement à l'encre brune.
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
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(b.d.)
Numéro de dossier d'œuvre