Cette œuvre, jamais exposée du vivant de l’artiste, est donnée en 1913 par madame Claudel au curé de Villeneuve, l’abbé Godet, qui lui-même en fait don à une famille de l’Aisne. Le buste demeure aux mains de cette famille, qui la « redécouvre » en 1986, et s’en dessaisit en juin 2000, en vente publique. Cette terre cuite est alors achetée par la Ville de Poitiers pour compléter la richesse de son fonds Camille Claudel grâce à l’apport exceptionnel d’une œuvre originale.

Deux fontes posthumes sont réalisées en 1987, dont l’une après l’apposition d’une signature à l’arrière de l’épaule droite, sous l’autorité de la petite nièce de l’artiste, Reine-Marie Paris.

Non datée avec précision, la Jeune femme aux yeux clos peut néanmoins être rattachée stylistiquement aux œuvres de jeunesse de Camille, par analogie avec d’autres bustes réalisés dans les années 1880 (comme Giganti, notamment).

En dépit d’une certaine parenté de physionomie, il est relativement improbable de limiter cette œuvre à un autoportrait.

L’incertitude la plus intéressante concerne la part d’influence naissante de Rodin sur le travail de la jeune fille, quant à la force, la simplicité, la puissance naturaliste qui caractérise ce buste féminin, assez éloigné, dans sa vigueur, du portrait que Camille consacre à sa sœur Louise (Buste de jeune fille ou Buste de Louise Claudel ou Buste de Louise de Massary).

(Bozier S.)