Ce dessin à la plume et au lavis d'encre noire et grise, rehaussé de gouache blanche et cerné d'un trait d'encadrement à la plume, illustre un épisode de la guerre de Troie, d'après le chant VI de "L'Iliade" d'Homère, qui a inspiré de nombreux auteurs dont Jean Racine dans sa célèbre tragédie Andromaque (1667).
Hector, valeureux fils du roi Priam, mène les combattants troyens. Le Destin a décrété que la ville ne tomberait pas tant qu' Hector serait vivant. Il est protégé par Apollon, tandis que, dans le camp des assaillants grecs, sous l'égide d'Athéna, s'illustre Achille. Hector a provoqué la fureur d'Achille en tuant son compagnon Patrocle. Malgré les exhortations de son père et de son épouse, Andromaque, Hector ira au combat où il trouvera la mort sous la lance de son ennemi. Hector se tient debout, au centre, en armure, brandissant son javelot dans son poing levé. Il embrasse son fils Astyanax, dans les bras d'Andromaque. À gauche, les chevaux auxquels est attelé le char d'Hector, se cabrent. À droite, une foule de figures se presse, soldats et suivantes. La nourrice d'Astyanax est assise à l'extrémité.
La composition en longue frise, sans profondeur, qui dispose les personnages en cortège, évoque les décors en bas-relief de la sculpture antique. L'artiste fait preuve de sa connaissance du répertoire décoratif de l'Antiquité, qui connaît un regain d'intérêt prodigieux dans le courant du XVIIIe siècle suite à la mise au jour des vestiges d'Herculanum en 1709, fouillés à partir de 1738, et de Pompéi en 1748. En France, les travaux du comte de Caylus jouèrent un rôle fondamental dans cette redécouverte de l'art antique, notamment son "Recueil d'antiquités égyptiennes, grecques, étrusques et romaines "publié en 7 volumes entre 1752 et 1767, et "Tableaux tirés de l'Iliade, de l'Odyssée et de l'Énéide", paru en 1757.
L'utilisation contrastée du lavis d'encre grise et des rehauts de blanc souligne les "reliefs" et accentue le caractère dramatique de la narration.
L'attribution ancienne à Pierre de Cortone, mentionnée par P.-A. Brouillet, n'est plus retenue.