[...]. C'est en participant à la création de décors de théâtre qu' Edouard Vuillard découvre la technique de la peinture à la colle, qu'il adopte jusqu'à la fin de sa carrière. Cette technique particulière utilise une colle animale, à base de peau de lapin, à laquelle les pigments purs sont ajoutés pendant cuisson. L'aspect visuel obtenu évoque la fresque, fait de matité et de fraîcheur des tons. C'est dans cette technique qu'est peinte La Couture (cat. n° 42), qui peut être datée de 1902-1903. On y voit Madame Vuillard mère livrée à une tâche ménagère silencieuse et paisible. Cette petite oeuvre est peinte sur carton, et Vuillard utilise la couleur brune du support comme ton local, entre les valeurs d'ombre et de lumière. Des frottis de blanc, en transparence, font vibrer l'espace et suggèrent la profondeur. Un examen attentif fait apparaître certaines des caractéristiques de son talent. Vuillard, tout comme Bonnard, ne procède pas à une description littérale du réel. Il réalise une traduction, par le biais d'une équivalence plastique. Le sujet, à distance, se lit très bien : une femme âgée, portant des bésicles, vêtue d'un corsage décoré de rouge et d'une longue jupe bleue, est assise près d'une table couverte d'une nappe rouge encombrée d'ustensiles et de livres, une fleur aux larges feuilles à l'arrière-plan, quelques tableaux accrochés au mur, une porte au fond, un bouquet de fleurs. Cela n'a rien de très révolutionnaire, en soi. Mais si l'on s'approche, et qu'on regarde chaque détail attentivement, ce ne sont que traces de couleurs, taches hâtivement posées, presque en retrait. Le corsage, c'est le carton brun du fond qui en donne la teinte générale, animé de frottis de noir et de rouge. Vuillard procède avec une économie admirable, il semble enlever au lieu d'ajouter. Et cette équivalence plastique à un univers sensible est d'une grande audace. C'est l'art de suggérer le plus avec le moins, qui est proprement l'apanage des plus grands maîtres. D'où aussi ces nombreux endroits où le carton apparaît en réserve, participant de la dominante colorée générale. Au final, ce tableau au charme exquis est l'une des plus belles oeuvres des collections du musée de Poitiers."
(Bourel Y Bozier S 2009)
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
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