Il s’agit de l’exemplaire n°17 d’une série devant comprendre 50 tirages en bronze par le fondeur Eugène Blot, et qui fut en fait arrêtée à 25 exemplaires.
L’historique de cette œuvre est assez singulière. Il semble bien que Camille ait commencé à travailler à ce groupe sculpté dès 1889.
L’idée première de la jeune femme est celle de deux danseurs enlacés et nus, qu’elle intitule Les Valseurs. Vraisemblablement satisfaite de son travail, et encouragée par quelques avis d’artistes, au premier rang desquels figure Rodin lui-même, Camille fait une demande officielle auprès du Ministère des Beaux-Arts pour une commande en marbre, au début de l’année 1892.
L’inspecteur Armand Dayot est chargé d’inspecter l’œuvre en question, mais il se montre vivement réticent vis-à-vis de la nudité des danseurs. Il émet en conséquence un rapport argumenté qui souligne les qualités d’exécution du groupe sculpté, mais conseille à l’artiste de couvrir ses personnages des draperies qui permettraient de lever toute équivoque, et de recentrer le sujet autour des effets plastiques induis par le tournoiement de la valse.
Dayot s’est pourtant ouvert de sa perplexité auprès de Rodin, en lui demandant un entretien avant de rendre son rapport. Par courrier, le sculpteur a pris le parti de Camille, en faisant valoir que si la jeune femme avait choisi la nudité, il serait bon de respecter son choix…
Pourtant, Camille s’exécute, et enveloppe le couple d’un virevoltant mouvement d’étoffes qui montent en capuchon jusqu’au-dessus de la tête de la danseuse. Cette version dite « avec voile » est présentée au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts en 1893, après qu’Armand Dayot ait cette fois rendu un rapport beaucoup plus favorable : « Ah ! Ces draperies sont bien frêles. Mlle Claudel a voulu sacrifier le moins de nu possible et elle a eu raison. Mais elles suffisent à voiler les détails trop visiblement réalistes et à indiquer en même temps le caractère du sujet […] ». Si la nudité des deux personnages induisait, aux dires d’Armand Dayot une équivoque sur le thème, il est à noter que l’ambiguïté est levée dès lors que le nu féminin a retrouvé la bienséante parade d’un alibi de vêtement.
Par la suite, l’artiste allège les drapés, au profit d’une simple traîne qui prend naissance à la taille de la danseuse et épouse avec souplesse le mouvement hélicoïdal de cette valse. Le groupe y gagne en grâce, en légèreté, en épure, et c’est cette version sans voile qui passe encore aujourd’hui pour l’une des œuvres maitresses de Camille Claudel.
Elle ouvre en tous cas une ère de réalisations extrêmement personnelles, dégagées de l’influence de Rodin que la sculptrice éloigne de sa vie privée et artistique à partir de 1893. Les années à venir, jusqu’en 1905-1906, sont les plus créatrices de la carrière de Camille.
(Bozier S.)
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
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