L’Etat, ayant acheté le plâtre de la Niobide en 1906 (conservé au Musée de Béjaïa en Algérie), fait éditer en bronze par Eugène Blot, dès l’année suivante, cette œuvre tardivement issue de l’atelier de Camille Claudel.
Il semble bien que le fondeur se soit une fois encore entremis pour faire avancer la cause de la sculptrice, dont les demandes de commande officielle de l’Etat sont si rarement honorées.
L’inspecteur des Beaux-Arts Armand Dayot est à nouveau dépêché dans l’atelier de l’artiste, et signale l’urgence d’attribuer une avance de 800 F. pour un modèle qu’il trouve quasiment achevé – ce dont il se réjouit, en termes peu elliptiques pour la période de détresse que traverse Camille Claudel à ce moment : « L’œuvre est belle , et je ne pouvais, en la regardant, que me réjouir de l’avoir trouvée toute faite dans l’atelier de l’artiste et de ne pas lui avoir commandée une sculpture nouvelle que, présentement, il lui est impossible d’exécuter ».
De façon singulière, dans ses courriers avec le secrétariat d’Etat des Beaux-Arts, Camille indique qu’elle a exécuté une Niobide percée d’une flèche « d’après le choix de M. Armand Dayot […] ».
L’unique tirage en bronze édité de cette œuvre est envoyé en 1935 à la Préfecture Maritime de Toulon, et bien qu’appartenant aux Collections Nationales, il est déposé dans les jardins de la résidence privée du Vice-Amiral d’Escadre de la Préfecture.
Il y est toujours dans les années 1980, lorsque le mouvement de redécouverte de cette artiste majeure engendre le recensement de ses œuvres. Ayant malheureusement séjourné depuis cinquante ans dans un bassin d’eau, le bronze est en piteux état, recouvert d’une véritable gangue de calcaire, et peu digne d’être montré à la rétrospective organisé au Musée Rodin en 1984. Restauré aux ateliers de restaurations des Musées de France, à Versailles, le bronze de la Niobide intègre en revanche la propre exposition Camille Claudel de Poitiers cette même année, avant d’obtenir de demeurer en dépôt dans les collections poitevines en janvier 1985.
Chronologiquement, cette œuvre s’inscrit dans la dernière phase de la carrière artistique de Camille Claudel, l’une des plus poignantes, où la sculptrice livre ses derniers combats – pour être reconnue, pour obtenir des commandes, pour défendre ses droits à vivre de son art – tandis que s’épaissit autour d’elle un isolement de plus en plus radical.
Les années 1905-1913, les dernières précédant son internement, sont aussi celles qui accélèrent la déroute psychique de Camille, dont l’obsession d’être spoliée peut la pousser jusqu’à la destruction de ses créations – ce que le rapport d’Armand Dayot semble évoquer.
Cependant, l’inspiration première de cette Niobide n’est de toute évidence pas ancrée dans ces dures années d’après 1905 puisqu’on peut y observer une recherche de variation sur le thème du Sakountala de 1888. Le personnage de la reine, cette fois privée du support et du soutien de son partenaire, revient sous l’identité d’une fille de Niobé, cette mère trop orgueilleuse de sa fécondité, dont Apollon et sa sœur Artémis tuèrent à coups de flèches les nombreux enfants.
Du couple amoureusement étreint, composé au temps de la liaison avec Rodin, à cette femme mourant solitairement d’une blessure en pleine poitrine, il est difficile de ne pas invoquer à nouveau la part autobiographique qui inspire son œuvre, tout au long des différentes étapes de sa vie.
(Bozier S.)
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
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