Négatif sur plaque de verre représentant de face le bas-côté gauche du porche de l'église de Moissac (Tarn-et-Garonne)

- 96.23.3-9
Rupin Ernest

Négatif sur plaque de verre au gélatino-bromure d'argent représentant de face les panneaux sculptés du bas-côté gauche du porche de l'église de Moissac (Tarn-et-Garonne).

 

"Les Bas-Côtés. — Les panneaux des côtés du porche sur lesquels repose la voussure, se divisent, dans le sens horizontal, en trois compartiments; les deux du bas sont séparés par trois colonnes servant d'appui à deux arcades, en plein cintre, encadrées par des archivoltes ornementées. Les chapiteaux de ces colonnes sont richement fouillés. L'un, celui du côté gauche en entrant, représente un homme accroupi, les yeux becquetés par deux dragons. La longue queue de ces animaux s'enroule autour du corps de la victime et pénètre jusque dans sa bouche ; leurs griffes déchirent ses cuisses, et en vain le malheureux essaye de se dégager en accrochant ses mains crispées au cou des deux monstres. Le chapiteau du milieu offre deux démons, l'un couvert d'écailles, l'autre complètement nu, entraînant un homme et une femme attachés par une même corde ; un troisième démon enfonce ses dents dans le bras gauche d'une autre femme et alimente le feu de l'enfer au moyen d'un soufflet à jet continu. Sur la corbeille du troisième chapiteau
s'étalent des feuilles et des fruits gracieusement entrelacés (voir planche V, figure 221).
Entre ces colonnes qui se dressent sur un soubassement peu élevé, sont figurés sous des arcs trilobés, les deux vices dont l'apôtre défend jusqu'au nom, dans une assemblée chrétienne, et que le moyen âge flétrissait, dans sa critique murale, avec le plus d'énergie. « Omnis immunditia aut avaritia, nec nominetur in vobis » (1). Les scènes sont représentées avec la liberté d'un pieux cynisme : l'artiste n'a reculé ni devant la nudité, ni devant la honte. Dans le bas, l'Impudicité est étalée sous les traits d'une femme debout, entièrement nue, dont le corps est presque décharné; elle a les avant-bras relevés. Ses cheveux très abondants tombent en désordre sur les épaules. Son attitude exprime l'horreur : sa figure est contractée par la souffrance, sa bouche se contourne, ses membres se raidissent. Deux horribles serpents entourent à demi ses jambes, glissent autour de son corps, s'appuient sur les plis des coudes et lui sucent ses mamelles pendantes. De plus, un énorme crapaud, dont tout le train de derrière est détruit, lui dévore les parties sexuelles ; une de ses pattes est accrochée au corps du serpent qui passe sur la jambe gauche de la femme, et les doigts de l'autre patte enfoncent profondément leurs pointes dans les chairs de la cuisse droite (2). Auprès de cette pauvre victime de l'impudicité est un démon hideux sur lequel l'artiste a imprimé tout ce que la laideur a de plus monstrueux et de plus dégoûtant ! Ce personnage est debout, les reins couverts de lambeaux d'étoffe. Son corps est contourné, l'abdomen très proéminent. Sa main droite est appuyée sur la hanche; de la gauche il saisit l'un des bras de la malheureuse femme. Ses pieds, armés de griffes, se terminent au talon par une espèce d'ergot de coq ; deux grosses touffes de poils partent de ses jambes, l'une attachée au mollet, l'autre un peu au-dessous. Ses mains sont celles de l'homme ; sa tête grimaçante, recouverte de longs cheveux divisés en longues mèches bouclées et hérissées, est aussi parfaitement humaine, mais elle est pourvue de deux cornes de taureau. Un énorme crapaud sort de son nez tout déformé ou de sa bouche, et semble vouloir s'élancer sur la femme. Il n'est pas possible de rendre d'une façon plus émouvante tout ce que le vice impur a de repoussant.
Dans le deuxième tableau, et à côté, l'Avarice est personnifiée par un homme amaigri, barbu, coiffé d'une riche toque. Vêtu d'une longue robe, il est assis, les jambes croisées, sur un siège à décoration architecturale. L'avare porte une énorme bourse suspendue à son cou par deux courroies, et il la serre fortement de ses deux mains contre la poitrine, car il tient à sentir et à ne point perdre de vue ce trésor qui fait tout son bonheur. Un démon cornu est accroupi sur ses épaules et lui enfonce ses griffes dans le crâne. Devant lui s'avance un pauvre mendiant tout déguenillé, le corps courbé et appuyé sur un bâton. A la vue impassible de l'avare il hésite à implorer la pitié, mais il est excité par un démon à la figure monstrueuse, portant des ailes et une queue, qui le pousse par la tête, heureux de fournir au mauvais riche une nouvelle occasion de tomber dans le péché. Au-dessus, au groupe correspondant à la Luxure, se trouve la représentation de la mort de l'Avare. L'Avare est étendu sur un lit formé d'une balustrade en bois tourné, posée sur quatre pieds. Son corps, dépouillé de tous vêtements, suivant l'usage le plus souvent adopté aux XIIe et XIIIe siècles, repose sur un matelas et est recouvert d'une large draperie flottante ; sa tête est placée sur un petit oreiller. En avant du lit, sa femme agenouillée, essuie, avec un pan de la couverture, son visage en pleurs ; la figure est des plus expressives. Trois diablotins ailés, simplement vêtus d'une sorte de ceinture en écailles, entourent le moribond. L'un s'est déjà emparé de la bourse fatale, les deux autres saisissent l'âme du réprouvé qui s'échappe de sa bouche sous la forme d'un petit enfant nu. Les démons ont cette fois le dessus, et le bon ange gardien, dont la mission est finie, s'envole tristement vers le ciel. Le quatrième tableau est malheureusement dans un grand état de détérioration, mais les parties restées intactes sont cependant assez nombreuses pour permettre d'y reconnaître la damnation des deux réprouvés.
Au centre de la composition apparaît le prince des ténèbres, vêtu d'une courte tunique couverte d'écailles et ayant sur la tête une couronne de serpents (i) ; il tient dans les mains un crapaud et un serpent, emblèmes de la Luxure. L'Esprit du mal enfonce les griffes de son pied gauche dans le corps amaigri de l'avare, qui, plié sur lui-même, la bouche béante, roule dans les flammes de l'enfer. Le fatal trésor, cause de sa condamnation, repose à côté de sa tête. Le malheureux, dans un effort suprême et avec de terribles contorsions, se cramponne d'une main à la ceinture d'un démon cornu placé à sa droite, mais déjà les flammes vengeresses lui brûlent la figure et les pieds. Tout à côté, la femme impudique, entièrement nue, cherche aussi à se défendre, mais c'est en vain qu'en désespérée elle s'accroche au mollet et au corps des deux démons qui l'entourent. Sur la gauche on découvre un troisième démon, aujourd'hui très mutilé, et dont on n'aperçoit qu'une partie du corps. Ces sujets sont séparés du bandeau supérieur par trois grosses têtes en saillie, placées sur les archivoltes qui dominent les colonnes ; l'une est grimaçante ; celle du milieu figure un animal tenant dans la gueule un corps humain qu'il serre au milieu du corps ; au cou volumineux de la troisième on reconnaît un goitreux. Au-dessus de ces têtes se développe un cordon formé par une série de petits êtres humains représentés à mi-corps ; ils se penchent en avant comme pour assister aux scènes qui se déroulent au-dessous d'eux et lèvent les bras en signe d'étonnement. Le bas-relief qui occupe le bandeau supérieur est consacré à la parabole de Lazare et du mauvais riche. Le mauvais riche est assis à une table copieusement servie, dans une salle ornée de pleins-cintres avec chapiteaux dépourvus d'ornementation ; il est coiffé d'un bonnet à deux pointes avec pattes sur les côtés. La porte de la salle est ouverte ; elle donne accès à un serviteur apportant un vase creux qui ressemble à nos soupières modernes. Aux pieds de la table, et en avant, Lazare, tout couvert de pustules que lèchent deux chiens admis à recueillir les miettes qui lui sont refusées, est couché sur un grabat au fond d'un réduit allongé ; la cliquette des lépreux repose près de sa tête.
Il va mourir, mais sa résignation ne demeurera pas sans récompense : un ange vient recueillir son âme pure pour la transporter dans le ciel, symbolisé par un arbre couvert de fruits.
Plus loin, en effet, Abraham, nimbé, est assis sur un riche siège à dossier. Un cercle, ou un simple ruban, entoure sa tête pour maintenir les cheveux sur la nuque. On sait que cet ornement était fort en usage au XIIe siècle ; on l'a désigné dans la suite sous le nom de chapelet (i) ou de tressoir. Le patriarche porte, dans un des plis de la draperie qui le couvre, l'âme de Lazare représentée par un enfant nu et sans sexe (2). A sa droite, un autre patriarche, également nimbé, est aussi assis, tenant un rouleau déployé qu'il montre de la main droite et sur lequel sont écrites, dans la pensée du sculpteur, les bonnes actions du bienheureux lépreux, sa patience et sa soumission à la volonté divine dans les privations. Les deux personnages portent la barbe et de longues moustaches ; ils ont les pieds nus." (d'après L'Abbaye et les Cloîtres de Moissac de Ernest Rupin).

 

 

Description figurant à l'inventaire réglementaire : boîte de 48 plaques de verres photographiques, verre photo, 13 x 18 cm, étiquette "Cloîtres de Moissac 82 à 88", chapiteaux, auteur : Ernest Rupin, fin 19e siècle, retrouvées dans sa maison de Brive, boulevard Lachaud.

9, place Gambetta (cœur de ville)

17310 Saint-Pierre-d’Oléron

Ouvert - dimanche : 14h - 18h

9, place Gambetta (cœur de ville)

17310 Saint-Pierre-d’Oléron

Ouvert - dimanche : 14h - 18h

9, place Gambetta (cœur de ville)

17310 Saint-Pierre-d’Oléron

Ouvert - dimanche : 14h - 18h


Caractéristiques

Numéro d’inventaire
96.23.3-9
Domaine
plaque de verre - photographie - croyances - coutumes - médiéval - arts - histoire - sculpture - architecture - costume - accessoires du costume
Dénomination
photographie sur plaque de verre
Titre

Négatif sur plaque de verre représentant de face le bas-côté gauche du porche de l'église de Moissac (Tarn-et-Garonne)

Auteur, exécutant
Rupin Ernest - photographe
Lieu de création - d'exécution
Moissac (Tarn et Garonne, ville)
Abbaye de Moissac (Moissac, bât.)
Siècle ou millénaire
4e quart 19e siècle
Précisions sur la genèse

Prise de vue réalisée devant l'Abbaye de Moissac.

Époque, datation, style et mouvement
art roman
Utilisateur
Précisions sur l'utilisation

Ce cliché s'inscrit vraisemblablement dans un travail de recherche entrepris par Ernest Rupin et qui aboutit à la publication en 1897 de "L'Abbaye et les cloîtres de Moissac".

Lieu d'utilisation
Moissac (Tarn et Garonne, ville)
Brive-la-Gaillarde (Corrèze, ville) : Brive (Corrèze, ville)
Période d’utilisation
4e quart 19e siècle
Matière
verre
Technique
négatif au gélatino-bromure d'argent
Dimensions et formes
H. 13 ; l. 18 (mesures prises lors du récolement)
Type d’inscription
inscription
Transcription des inscriptions

86 (inscription manuscrite à l'encre noire figurant sur la boite originelle à côté de cette plaque. Cette inscription est sans doute liée au travail préparatoire d'Ernest Rupin qui aboutit à sa publication consacrée à cette abbaye)

Date de la source de la représentation
1100
Sujet représenté
photographie - époque médiévale - Limousin - Corrèze d - chapiteau - architecture - architecture religieuse - sculpture - Tarn-et-Garonne d - aile - figure biblique - trône - animal - arc architectural - porte - église - colonne orn - ange - auréole - être fantastique - démon - Abraham - mort - femme - serpent - crapaud - flamme - lit - riche - pauvre - mendiant - bourse - avarice - luxure - diable - pleurant - nudité - punition - Enfer - âme - saint Lazare - lèpre - chien - mendicité
Localisation de l'objet
musée Labenche (Brive, bât.)
Propriétaire, type de propriété
Brive, propriété de la commune
Première présence attestée dans les collections
1996
Mode d'acquisition par le musée, date d'acquisition
achat, 02.1996
Service gestionnaire
musée Labenche
Précisions administratives
Collection : 96.23 Nombre d'objets dans cette collection : 35 (1198 plaques de verre réparties dans 35 boîtes) Précisions administratives sur cette collection : ces objets ont été achetés dans le cadre de la succession Boutot-Blayac à Brive en février 1996. Ils ont été ensuite inscrits sur le registre d'inventaire n°6 (un numéro attribué à chaque boîte) le 02 décembre 1996.
Bibliographie
Rupin E 1897 (pages 335 à 337, planche V , figure 221)
Photographie sur plaque de verre, Négatif sur plaque de verre représentant un dessin de l'entrée côté sud de l'Église de Moissac (Tarn-et-Garonne)
Rupin Ernest, 4e quart 19e siècle
Photographie sur plaque de verre, Négatif sur plaque de verre représentant de face le porche de l'Église de Moissac (Tarn-et-Garonne) et son tympan roman dédié à l'Apocalypse selon saint Jean
Rupin Ernest, 4e quart 19e siècle
Photographie sur plaque de verre, Négatif sur plaque de verre représentant de face l'entrée côté sud de l'Église de Moissac (Tarn-et-Garonne)
Rupin Ernest, 4e quart 19e siècle
Photographie sur plaque de verre, Négatif sur plaque de verre représentant de face le pilier central de l'entrée côté sud de l'Église de Moissac (Tarn-et-Garonne)
Rupin Ernest, 4e quart 19e siècle
Photographie sur plaque de verre, Négatif sur plaque de verre représentant une face du pilier central de l'entrée côté sud de l'église de Moissac (Tarn-et-Garonne)
Rupin Ernest, 4e quart 19e siècle
Photographie sur plaque de verre, Négatif sur plaque de verre représentant de face le côté droit de l'entrée de l'Église de Moissac (Tarn-et-Garonne)
Rupin Ernest, 4e quart 19e siècle

Mentions légales

Mention légale
© Alienor.org, Collections Musée Labenche, ville de Brive

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