Cette œuvre représente un riche bouquet de fleurs placé dans un vase décoré de personnages en léger relief. Figurant uniquement des objets inertes, elle s’inscrit dans la catégorie des « natures mortes » dont la peinture de fleurs était l’un des aspects essentiels. À l’instar de ce tableau, ce genre pictural a engendré des représentations d’une exactitude quasi-scientifique, permise par une observation rigoureuse de la nature. Néanmoins, le souci d’équilibre et de beauté se traduit souvent par une modification des dimensions réelles des fleurs et par l’association d’espèces florales dont les périodes de floraison ne coïncident pas toujours.

Savamment équilibré malgré son asymétrie et composé d’une grande diversité de fleurs colorées reproduites avec minutie (soucis, scabieuse, jasmin, iris blanc, iris bleu, tulipe perroquet jaune ou orange, rose double rose, tulipe flamme blanche et rouge, amarante crête de coq rouge, seringat), le bouquet représenté ici constitue une véritable célébration de la beauté de la nature.

Toutefois, plusieurs éléments évoquent la fragilité de la vie et pourraient conduire à voir dans cette œuvre, simple au prime abord, une « vanité », c’est-à-dire une représentation allégorique du cours inexorable du temps et de la vacuité de la vie, toujours vaincue par la mort.

Les personnages du vase semblent soutenir le bouquet de toutes leurs forces, en vain, comme une image de la faiblesse de la condition humain face au temps qui passe.

Une partie du bouquet est par ailleurs plongée dans l’obscurité, symbole de la fin du jour et, donc, de l’existence.

En outre, les fleurs -éclatantes pour certaines et donc au comble de leur maturité- commencent à s’affaisser pour d’autres ; si cela peut participer de l’équilibre de la composition, ces fleurs pourraient aussi être en train de faner et, par conséquent, de périr.

Même si des variations se rencontrent selon les cultures et les époques, certaines fleurs sont en outre des éléments particulièrement riches en significations. Échos à la véritable « tulipomanie » qui se répand en Europe au 17e siècle, les tulipes sont par exemple des images du luxe et de la puissance mais certaines commencent ici à s’affaiblir et pourraient alors souligner la futilité des richesses matérielles. Le jasmin -fleur associée à la Vierge Marie et symbole de modestie, de pureté et d’amour divin- se dresse fièrement au sommet du bouquet tandis que les roses de couleur rose, qui évoquent un amour plus terrestre, s’affaissent en de nombreux points. Chaque espèce représentée n’est toutefois pas symbolique, d’autant plus que le 17e siècle accordait moins d’importance à ces significations florales cachées que le 15e siècle ou le 16e siècle.

Mais tous ces éléments associés confèrent à ce bouquet une dimension moralisatrice et en font une mise en garde subtile contre la vanité de l’existence.

Récupérée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette œuvre (numéro d’inventaire provisoire : MNR33) a été attribuée au musée du Louvre en 1950 puis déposée au Musée de Brive par arrêté du Ministère de l’Éducation Nationale le 21 avril 1952. Sa provenance n’est pas établie. En cas de spoliation, elle sera restituée à ses légitimes propriétaires.

Voici son parcours, référencé sur le site Rose-Valland : « Le tableau est vendu 600 000 F le 15 mai 1944 par Théo Hermsen à un représentant du Dorotheum, Vienne, et revendu 20 000 RM le 31 mai 1944. Il est enregistré au Central Collecting Point de Munich sous le n° 4812. Le tableau est attribué au musée du Louvre (département des Peintures) par l'Office des Biens et Intérêts Privés en 1950, puis déposé au musée municipal de Brive-la-Gaillarde en 1952 ».

Lien vers la notice de l’œuvre sur le site Rose Valland : https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/mnr/MNR00033?base=%5B%22R%C3%A9cup%C3%A9ration%20artistique%20%28MNR%20Rose-Valland%29%22%5D&image=%5B%22oui%22%5D&mainSearch=%22von%20tamm%22&last_view=%22mosaic%22&idQuery=%227b3f172-2361-e466-e84-d3ffe628b4%22