Portrait de Blanche Franc de Ferrière (1859-1940), l'épouse de Pierre Loti
- MPL SR 7Portrait de Jeanne Amélie Blanche Franc de Ferrière (1859-1940), épouse de Pierre Loti à l'age de 32 ans. Elle pose de trois quart à droite, tête nue, en robe de ville à manche avec une sorte de chemisier ou de bavette en dentelle
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
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Portrait de Blanche Franc de Ferrière (1859-1940), l'épouse de Pierre Loti
Jeanne Amélie Blanche Franc de Ferrière naquit le 21 avril 1859 dans la maison de la Birondie, commune de Pomport, Dordogne, où son père, Jacques Franc de Ferrière (1825-1885), possédait un important domaine viticole et s’était installé après avoir épousé, le 22 février 1853, Mathilde Ménier (1829-1917), comme lui de religion protestante, issue d’une famille bordelaise de négociants en vins. Cadette de quatre enfants, seule fille, gentille et docile brunette, Blanche vécut son enfance entre cette maison et une propriété de sa mère, à six kilomètres de la Birondie, au Bertranet, commune de Lamonzie-Saint-Martin, où elle allait à l’école dans une maison protestante. La famille se rendait de temps en temps à Pignon, propriété viticole de la famille de son père, sur la commune de Juillac, en Gironde, limitrophe de celle de Flaujagues, Dordogne.
Habitant plus tard avec sa mère à Bordeaux, dans une maison de la famille Ménier, au n°93 de la rue Course, elle allait très souvent au n°18 de la rue Cornac retrouver sa tante Anna qui lui inculqua une éducation morale et religieuse, mais aussi intellectuelle. Devenue à 25 ans une jeune femme cultivée et lettrée, Blanche fréquentait la jeunesse protestante bordelaise, avait lu tous les livres de Pierre Loti ; mais n’était toujours pas mariée.
Un pasteur, Franck Puaux, ami de la famille Ménier, l’était aussi de Nadine Texier, mère de Loti, et de sa cousine Nelly. Apprenant, en 1886, qu’elles recherchaient pour Julien une femme « protestante, noble, agréable à regarder, ayant quelque bien et plus petite que lui », aussitôt il proposa Blanche dont la mère organisa une rencontre entre les « jeunes gens » : elle avait 27 ans, lui 36. Plusieurs projets de mariage ayant échoué les années précédentes, Loti hésite à accepter « par frayeur des engagements du mariage » mais, de dîner en dîner, de très cordiales relations se nouent avec sa future belle famille, il va souvent à Bordeaux rendre visite à sa « petite fiancée », rompt toutes ses aventures ― à l’exception toutefois de la plus passionnée, avec une « belle Bordelaise » mariée. En août on parle contrat de mariage, Julien offre à Blanche un bracelet de diamant et saphir, elle vient visiter la maison de Rochefort, ils achètent du mobilier style Empire pour leur chambre ; mais le fiancé a l’impression qu’il s’agit du mariage d’un autre. Dix jours avant les noces Blanche a, malgré leurs multiples rencontres, l’impression de ne pas le connaître. Docile, soumise, « elle est prête à tout, rien ne l’étonne, elle qui ne sait rien de rien. Elle est comme quelqu’un qui, se sentant pris dans un tourbillon, s’y jetterait joyeusement, tête baissée ». Le soir venu, Loti va se jeter dans les bras de l’autre Bordelaise…
Le mariage civil se déroula le 20 octobre 1866 à Bordeaux. En voyant sur la table une carte au nom de Madame Julien Viaud, Loti prit conscience de la réalité ; dans le Journal, Blanche sera désormais appelée « ma femme ». Les époux sont unis sous le régime dotal ; le contrat précise les apports de chacun : pour Loti la maison de Rochefort, divers objets mobiliers détaillés par lui avec minutie et les droits sur les livres déjà publiés : Aziyadé, Le Mariage de Loti, Le roman d’un spahi, Fleurs d’ennui, Mon frère Yves, Pêcheur d’Islande ; pour Blanche, deux maisons à Bordeaux et différents titres de rente.
Le mariage religieux fut célébré le lendemain, 21 octobre 1866, au temple des Chartrons, à Bordeaux. « […] Quand je vois la mariée parée, je commence à comprendre, à avoir conscience que c’est moi qui me marie. Puis le tourbillon reprend. À 4 h nous montons en voiture. Au temple il y a grande foule. […] C’est très long ― Nous sortons lentement, Blanche et moi, sur la jonchée, très salués, mais ne voyant personne ― que mon cher Samuel qui est là dans le temple habillé en matelot et auquel je serre la main pour lui donner en public cette marque bien particulière d’affection…
Au dîner, le soir, Coppée parle d’une façon charmante, il paraît ― Quant à moi j’ai comme un vertige, une angoisse ― On s’inquiète de me voir tout à coup blême ― je n’ai jamais rien senti de pareil et je crois que je vais me trouver mal ― Un regret cruel de Bretagne [pour la Paimpolaise qu’il aurait voulu épouser] que je voudrais chasser, me serre le cœur affreusement…[…].
Vers minuit, quand j’ai reconduit tous les invités, embrassé Madame Adam dans sa voiture, je prends ma tenue de voyage, Blanche de même ; nous montons dans un omnibus quelconque et nous voilà partis, dans la nuit triste et froide, enchaînés l’un à l’autre pour la vie… ».
Elle donnera un fils unique Samuel Pierre-Loti-Viaud (1889-1969).
Au gré de ses embarquements, Pierre Loti continue sa vie de célibataire choyé et adulé des femmes conquises par cet écrivain exotique et sentimental. Samuel grandira entre son père et sa mère. Quelque peu délaissée, Blanche fera de fréquents séjours au Bertranet, maison que possède son frère Daniel à La Monzie-Saint-Martin. où elle se retira à partir de 1909 pour veiller sur sa mère malade. Pierre Loti et son fils lui rendront visite régulièrement. Atteinte de cécité, elle y demeurera jusqu'à son décès en 1940. Elle choisit de reposer dans le cimetière protestant privé des Franc de Ferrière, actuellement situé au milieu d’un bois, à Larchère, hameau de la commune de Pomport (24).