Le musée d’Art et d'Histoire de Rochefort possède de Marie Bon quatre œuvres : L'Italienne, l'Assomption de la Vierge (copie d’après le tableau de Prud'hon conservé au Musée du Louvre), Portrait de Pierre Loti, Portrait d'Eugène Roy-Bry Maire, ainsi qu'un pastel Souvenir de Boucher.

Marie Bon, née Viaud, était la sœur ainée de Pierre Loti ; grâce a l'insistance de son père, elle put aller étudier à Paris, dans l’atelier du peintre Léon Cogniet (1794-1880), grâce d une bourse de la Ville de Rochefort (1851-1852-1854).

Marie a représenté de nombreuses fois son jeune frère, âgé de 19 ans de moins qu'elle, après les portraits charmants de Julien enfant, elle ne le portraitura que plus tard, de façon plus rare en tenue d'officier de marine.

Le lieutenant de vaisseau Julien Viaud apparait ici en grande tenue, avec son sabre, ses gants, ses galons et ses épaulettes, ainsi que deux médailles, dont celle de la Légion d'honneur.

Daté de 1889, ce portrait a été le seul de sa production a avoir été présenté au Salon des Artistes Français de 1890.

A cette date, Pierre Loti n'a pas encore 40 ans ; il est déjà un écrivain très célèbre, ayant écrit neuf ouvrages, un par an en moyenne. C'est pour lui l'année de la mission officielle au Maroc avec le ministre Jules Patenôtre.

Formée de façon classique, avec toute l'insistance qui était encore portée au dessin d’après lngres et les néo-classiques, Marie Bon a choisi de présenter son frère selon ses habitudes : fond uni, lumière diffusée de façon égale. Par contre, afin de mieux mettre en valeur l'aspect militaire, elle a opte pour une représentation en pied et non en buste.

Volontairement simple, un peu austère même, ce portrait révèle le jeune officier avec beaucoup de fidélité et de sensibilité, Le regard profond et intense, un peu rêveur, est celui du voyageur qui se passionna pour la Polynésie, la Turquie, mais aussi la Bretagne, le Japon et le Sénégal. C'est avec ce regard épris d'ailleurs que Loti retranscrivait avec émotion et lyrisme ses visions de la mer, du désert et du Bosphore.

L'auteur d'Aziyadé, de Mon frère Yves, de Pêcheur d’Islande, du Roman d'un Spahi, de Madame Chrysanthème, de Ramuntcho, qui put voyager dans le monde entier grâce d sa fonction d’officier de marine, reprend en cette année 1889 la décoration du salon turc de sa maison natale de Rochefort. (in "Rochefort histoire d'une collection", catalogue d'exposition, Villa Dieckhaus, Papenburg (Allemagne), 1990.)