Célébrer l’aventure industrielle de Citroën : la stèle d’H. Bouchard


Situé au cœur du département de la Charente-Maritime, le musée des Cordeliers de Saint-Jean-d’Angély abrite la mémoire d’histoires inédites. Telle est celle de la mythique Traversée du Sahara, qui a conduit une poignée d’hommes d’élite d’André Citroën (1878-1935) à la conquête des sables, du 17 décembre 1922 au 7 janvier 1923. Le défi : relier deux territoires français – Touggourt en Algérie à Tombouctou au Mali – à bord d’autochenilles dont seul le constructeur automobile de génie a le secret.

Trace exceptionnelle de cette incroyable aventure qui place dès lors la voiture comme instrument d’exploration à travers le monde, la stèle commémorative réalisée en 1923-1924 par le sculpteur Henri Bouchard (1875-1960), trône aujourd’hui fièrement à l’entrée du jardin public de la ville. Après avoir figuré au Salon des Artistes Français, au Grand Palais, puis dans le hall d’honneur des Usines Citroën à Paris, le bas-relief a rejoint en décembre 1961 les terres de l’angérien Louis Audouin-Dubreuil (1887-1960), commandant en second de l’expédition, grâce à son fidèle ami Maurice Penaud (1886-1975), mécanicien en chef de l’épopée. Tous deux sont à l’origine des collections extra-européennes offertes dans les années 50 au musée.

Avec ces trois blocs atteignant ensemble 3,20 mètres de haut et 2,80 mètres de large, pour un poids de l’ordre de 8 à 9 tonnes, le maître, qui a enseigné à l’école des Arts Décoratifs puis à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, a réalisé avec cette œuvre ce tour de force artistique : être classique sans ennui et moderne sans excès. Reflétant son goût pour l’orientalisme, il a représenté ici un Touareg sur son méhari se faisant devancer par une autochenille, à bord de laquelle nous reconnaissons les participants du raid (Georges-Marie Haardt, le bras levé) et leur mascotte, la petite chienne Flossie. Citroën n’a-t-il pas en effet déclaré : « Le chameau est mort, la Citroën le remplace ! » ? Quel sens de la formule, et surtout… de la publicité !

Crédits de cette publication

Delphine Etchénique, directrice du musée des Cordeliers de Saint-Jean-d’Angély.



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