Eugène Cornu a passé son enfance à Nantes, observant les bateaux ce qui indéniablement l'influencera dans ses conceptions.
Il sait reconnaître un bateau qui marche.
Son oncle, travaille aux Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire, lui apprend à tracer des coques.
Eugène Cornu était atteint par la poliomyélite très jeune. Amputé d'une jambe et fort handicapé, se déplacera toute sa vie avec des béquilles ce qui ne l'empêchera jamais d'être au plus prés du "terrain" à bord des bateaux en chantier ou sur l'eau, se hissant à la force des bras.
En octobre 1919, il entre chez Nieuport, un pionnier de la construction aéronautique, près de Paris, dont les racers ont disputé des championnats à Monaco en 1920.
Le chantier est vendu en 1923 date à laquelle Eugène entre en tant que dessinateur chez Paul Jouët dans son chantier naval de Sartrouville. Autodidacte, Eugène Cornu va vouer toute sa vie un profond respect à Paul Jouët, ingénieur du génie maritime et à Victor Brix qui va œuvrer également chez Jouët dans les années 1930.
Dés 1923 ses plans seront publiés dans la revue Le Yacht mais il faut attendre 1925 pour la première publication d'un plan signé de son nom. Il a alors 22 ans.
Avant la Seconde Guerre mondiale il développe surtout des plans de dériveurs de régate, comme le "Bélouga", dériveur lesté de 1943, qui lance véritablement sa carrière.
Avec la victoire dans la Cowes-Dinard de "Jalina" en 1947, son talent est consacré et il obtient le titre d'architecte naval reconnu.
Après guerre, toujours principalement chez Jouët, il collabore avec d'autres chantiers très réputés comme le chantier Aubin (dont est issu "Walou") le chantier Pichavant à Pont l'Abbé (plus de 60 plans Cornu dont « Cyrène »), Rameau à Etel (dont « Panurge », « San Marco II », « Theodolinda »), Vandernotte (dont « Rose Noire II »)et Béziers à Nantes, Bonnin et Matonnat à Arcachon, Constantini à La Trinité sur mer, Hervé à La Rochelle, Jezequel à Carantec...
Certains bateaux sont construits à l'unité comme "Jalina" (1946), "Danycan" (1949 - vainqueur de la Plymouth-La Rochelle 1957, construit chez Pierre Delmez à Le Perreux sur Marne), "Striana" (1955 arrière canoë), "Hallali" (1956), "Albena" (1957 à bord duquel Jacques Brel apprend à naviguer)...
D'autres deviendront des séries (Licorne, Bélouga, Ambriz, Mousse, Bar, Caneton...).
Une constante, on ne dessine pas un bateau pour passer au travers des "trous" de la jauge, toute modification de ses plans étant considérée comme une trahison.
On reconnaît la signature des plans Cornu aux francs-bords n'excédant généralement pas 10 %, tableau inversés ou lignes très pures des arrières canoës...
Après la mort d'Eugène Cornu en 1987, ses archives ont été déposées au Musée de la Marine, qui dispose d'environ 130 de ses plans.