Pierre Ozanne naît à Brest le 03 décembre 1737, cadet d’une famille qui compte déjà un fils et trois filles. En 1744, Pierre à sept ans quand son père meurt. Ce sera son frère aîné Nicolas - Marie, qui prendra en charge les destinés de la famille.
Nicolas né en 1728, et placé dès l’âge de 10 ans pour faire son apprentissage chez Roblin (professeur de dessin des gardes du Pavillon et de la Marine du port de Brest), n’envisage pas d’autre avenir pour ses sœurs et son jeune frère que le dessin dans le monde de la mer. Pierre devient l’élève de Nicolas, aide son frère et ses sœurs, Marie-Jeanne et Jeanne-Françoise, dans leurs travaux de gravure.
En 1750, Nicolas est nommé professeur de dessin titulaire des Gardes du Pavillon, à la mort de son maître, Roblin. Dès lors, commence pour lui un superbe parcours qui l’amènera très vite à l’Académie de Marine. Son talent lui donne l’occasion de travailler avec Natoire, Boucher, Vernet, et surtout de naviguer. En 1762, Nicolas obtient le brevet de dessinateur du Dépôt général des cartes et plans de la Marine, à Versailles ; il est de plus chargé de construire des chaloupes et des gondoles pour le canal de Versailles, en vue de donner des notions de marine au duc de Bourgogne, frère aîné du futur Louis XVI. Sa carrière se poursuit, brillante.
Pierre Ozanne, lui aussi fait son chemin comme dessinateur et peintre. Il connaît rapidement le succès, si bien que pour le distinguer de son aîné, on l’appelle bientôt "Ozanne le Cadet". Il travaille toutes les matières, et tous les genres : vues de quais, de ports, de côtes, métiers et vie portuaire, illustrations d’événements notoires, portraits. Il signe POZ, le O et le Z étant entremêlés. En 1757, il est nommé professeur de dessin des gardes du Pavillon de la Marine.
Pierre est beaucoup plus marin que son frère, plus technique, si bien que vers 1765, il est nommé à l’Ecole d’hydrographie où il conçoit des navires.
Pierre Ozanne est déjà connu par la qualité de ses travaux, lorsqu’en 1771, on lui propose d’embarquer sur la Flore, pour une mission scientifique.
Au XVIIIème siècle un des problèmes des plus essentiels qui se posait aux marins, était le calcul de la longitude en mer, problème sur lequel on buttait faute d’horloge suffisamment précise et robuste, capable de conserver l’heure du lieu de départ. Leroy et Berthoud, horlogers de génie, ont mis au point de véritables chronomètres qu’il faut expérimenter en mer. C’est l’objet d’une campagne décidée par le Roi, avec la frégate la Flore commandée par le lieutenant de vaisseau Jean-René-Antoine de Verdun marquis de la Crenne. Le bâtiment embarque deux commissaires désignés par l’Académie de Sciences (le Chevalier de Borda et le chanoine Pingré), un état-major composé de plusieurs savants (dont l’enseigne de vaisseau Granchain de Sémerville et l’astronome Jacques Mersais), trois horlogers (Le Roy, d’Arsandeaux et Fyot) et six chronomètres de Leroy, Berthoud et Arsandaux. Pierre Ozanne serait embarqué en tant qu'ingénieur hydrographe et dessinateur.
Il s’empresse d’accepter.
La frégate part de Brest le 29 octobre 1771, visite successivement les côtes d’Espagne, d’Afrique jusqu’au Cap Vert, les Açores, Madère, les Canaries, Tenerife, les Antilles (Martinique, Saint-Domingue), Terre Neuve, Saint-Pierre et Miquelon, le banc de Terre Neuve, l’Islande, les îles Féroé, les côtes de Norvège, Copenhague, Dunkerque, et rentre à Brest le 8 octobre 1772.
Les résultats de cette expédition sont publiés en 1778 : « Voyage fait par ordre du Roi en 1771 et 1772, en diverses parties de l’Europe, de l’Afrique et de l’Amérique… suivi de Recherches pour rectifier les cartes hydrographiques ». On y trouve des cartes réduites d’une partie des mers du Nord et des Antilles, et des planches qui contiennent 148 vues de côtes visitées, exécutées par Pierre Ozanne.
Durant les années qui suivent, Pierre est nommé au Havre, puis repart en mer pour une campagne sur l'Hirondelle commandée par M. de Saint-Césaire, puis revient à Brest. Une nouvelle expédition, semblable à celle de la Flore, est pressentie : la présence d’Ozanne est souhaitée, il s’embarque une nouvelle fois.
Le Chevalier Jean-Charles de Borda a reçu de l’Académie des Sciences le commandement de la frégate la Boussole en tant que lieutenant, pour une mission à la fois hydrographique et scientifique : il faut soumettre les chronomètres à de nouvelles épreuves, et améliorer les cartes marines en particulier celle des parages des Canaries. La Boussole et le lougre l’Espiègle quittent Brest le 20 mai 1776. Borda accomplit la mission qui lui est confiée, mais aussi évalue son cercle encore expérimental par de nombreuses mesures de triangulation, notamment la mesure du point culminant de l’archipel, le pic de Teyde (3715 m ). Il fait cette ascension avec 10 officiers, le Comte Consul de France aux Canaries, des matelots, des guides, et bien sûr le dessinateur de l’expédition Pierre Ozanne, qui immortalise cette aventure sur ses dessins, et plus tard sur une huile sur toile conservée au musée de Borda de Dax.
A son retour en 1777, Pierre Ozanne obtient le droit de présence aux réunions de l’Académie Royale de Marine. Il est promu l’année suivante au grade de sous-ingénieur constructeur, et intègre ainsi un des corps les plus prestigieux de la Marine.
La guerre d’Indépendance des Etats Unis donne à Ozanne et à Borda, l’occasion de se retrouver sur le Languedoc. En 1778, le vice amiral d’Estaing est nommé au commandement d’une escadre de 12 navires, envoyés de Toulon vers l’Amérique. Il choisit Borda comme lieutenant de vaisseau, major de l’escadre et intendant, Ozanne comme dessinateur des événements. D’avril 1778 à décembre 1779, cette campagne les mène aux environs de New York.
En 1783, Ozanne navigue pour étude de Brest jusqu’à Saint-Valéry-en-Somme, sur la Boulonnaise, et rédige à son retour « Résultat de l’essai des voiles à vergues remplaçant les voiles triangulaires fait sur le bâtiment ».
En 1784 – 1785, il navigue sur le Vautour, commandé par M. de Puységur ; une expédition hydrographique vers Saint-Domingue pour le relevé des côtes de cette île.
Appelé ensuite à Versailles, en 1786, il entre comme Attaché au Dépôt général des cartes et plans ; il y est chargé du levé des cartes dans la campagne du Vautour, et de la composition des modèles de sculpture pour les vaisseaux du Roi. Cette même année, il reçoit l'ordre d’aller à Cherbourg pour compléter une série de dessins commandée par le ministre, dessins perpétuant le souvenir du voyage de Louis XVI dans ce port.
En 1788, Pierre Ozanne est nommé ingénieur-constructeur, et rentre à Brest.
1789, arrive alors qu’il dirige la construction du vaisseau le Vengeur. Durant la Révolution, Ozanne remplit les fonctions administratives de sous chef de l’administration civile pour les mouvements du port de Brest, aux côtés de l’Intendant Redon de Beaupré.
En 1792, on lui retire cette charge pour aller remplir la même au port de Toulon ; Ozanne s’y rend. Lorsque éclate le siège de Toulon par les troupes britanniques (septembre à Décembre 1793), Ozanne est pris au piège comme tous les habitants du port. Il parvient à quitter la ville le 30 septembre 1793, à bord d’une tartane ; il atteint la Ciotat, puis Marseille. Il est alors déclaré « traître à la patrie » pour ne pas s’être présenté aux missionnaires ou au Ministre, dans le délai des 15 jours après la capitulation ; le 22 novembre 1793, tout s’apaise, il est innocenté.
En 1794, on lui donne la mission particulière de faire un rapport sur les forêts et les bois du pays de Cherbourg ; il profite de ce séjour pour relever la Carmagnole, une frégate échouée à la pointe de Querqueville.
De 1795 à 1797, il dirige le service des constructions navales à Saint-Malo, revient à Brest pour opérer le relèvement de plusieurs navires échoués sur les côtes de Bretagne.
En 1798, à 61 ans, il demande un congé de trois mois, sa santé étant fort altérée. Il passe une convalescence studieuse à Paris, durant laquelle il fait paraître une partie de ses « Ornements de proue » et « Combat de la Bayonnaise », sur l'invitation du ministre Bruix.
En 1800, Pierre Ozanne est nommé ingénieur de première classe, et capitaine de vaisseau en 1801, en raison de ses quatre années de service à la mer.
En 1802, sa réputation d'ingénieur est consacrée par la construction la Diligente, une corvette des plus rapides marcheuses de l'époque.
Le 2 Décembre 1804, lors du sacre de Napoléon I, Pierre Ozanne est invité en tant que représentant du corps du génie maritime. Il continue d’exercer ses fonctions d'ingénieur jusqu'à sa retraite qu’il prend en 1811. Il meurt peu après, à Brest, le 10 février 1813.