Adolphe Gumery naît rue de Vaugirard à Paris, le 5 avril 1861. Son père Charles, est sculpteur. Il a reçu le prix de Rome en 1850 et travaille avec Charles Garnier au projet du nouvel opéra parisien depuis 1862 ; sur ce chantier il est chargée de la "Poésie" et "l'Harmonie", deux groupes de bronze qui couronnent les avants-corps de la façade principale. Enfants, Adolphe et son frère Achille côtoient Garnier, Carpeaux, Boulanger, Baudry, et le milieu artistique du Second Empire. En 1870, la guerre contre la Prusse éclate, le sculpteur meurt de privations. Adolphe entre au lycée Henri IV, puis en 1882 à l'École Nationale des Beaux-arts, où il étudie la peinture sous la direction de Galland, Boulanger et Lefebvre. Ses contemporains sont le caricaturiste Hanicotte, Forain, Guéran de Scévola, Valério, Puvis de Chavanes, Bouguereau. Il les connaît et les rencontre aux Salons de la Société Nationale des Beaux-Arts ou des Artistes Français, Salons auxquels il participe. En 1884, son tableau « Départ pour la fête » rencontre un vif succès ; il est acheté par l'État qui le donne au musée d'Épinal. D'autre part Adolphe fréquente le monde littéraire, notamment les Zola ; il fait le portrait de son ami, illustre l'édition originale de Germinal en 1885, également les écrits de Victorien Sardou et Pierre Loti. Le portrait est un des modes d'expression favoris de Gumery, qui croque ses proches et les visages qu'il rencontre lors de ses voyages. Car il est aussi un peintre de la nature ; il traverse des régions entières avec son chevalet, sa boîte et son ombrelle, pour saisir un lever de soleil ou les ombres du crépuscule. En 1886, Gumery se marie ; bientôt vont naître Achille, Madeleine et Roger. En 1901, la famille s'installe à Passy ; elle vit pauvrement dans un appartement situé à côté de l'atelier, mais elle est unie et heureuse. La peinture est la seule source de revenus de Gumery, qui n'apprécie guère les marchands de tableaux. L'État lui achète un certain nombre d'œuvres (aujourd'hui dans les musées), les expositions lui permettent de vendre aux particuliers, et les amis sont aussi de fidèles acquéreurs. Les Gumery passent leurs vacances dans la Creuse, à Gargilesse, où ils retrouvent les Zola, mais aussi en Camargue, en Bretagne, en Normandie et en Provence, des lieux qui attirent les pinceaux d'Adolphe. Comme beaucoup de peintres de sa génération, il est séduit aussi par l'Espagne, où il se rend à plusieurs reprises, notamment en 1910 ; il revient avec des toiles représentant la Plaza Mayor de Madrid, et des vues de Tolède ; sur la route du Sud, il s'arrête certainement à Biarritz et dans les Landes. Comme il travaille en solitaire, Gumery n'est pas marqué par les recherches picturales de l'époque (cubisme, abstraction). Il reste fidèle à l'académisme des Salons, dont il sera juré à la fin de sa vie. Cependant, il s'intéresse aux Salons des Indépendants, côtoie les avant-gardes du début du siècle, et lorsqu'en 1912 l'État met à disposition des artistes la chartreuse de Montreuil-sur-Mer, Gumery y rencontre les peintres et poètes de l'époque : Apollinaire, Gleizes, Paul Fort, George Izambard. Homme cultivé, curieux de tout, il s'intéresse aux fauves et au cubisme mais sans s'investir dans ces mouvements d'avant-garde. Achille et Roger Gumery meurent durant la guerre de 1914 – 1918. En 1919, la famille s'agrandit avec la naissance de Viviane, fille de Madeleine Gumery et Pierre Izambart ; elle et sa mère deviennent les modèles favoris du peintre. En 1920 Pierre Izambard est nommé professeur en Algérie. Adolphe rend visite à la famille Izambard-Gumery et s'enthousiasme pour l'Afrique du Nord. Il sillonne la Tunisie, le Maroc et l'Algérie, peint avec passion les paysages et les gens du Maghreb : sa peinture connait alors un très vif succès. Gumery est un homme âgé mais peint toujours. En 1931, il obtient le prix Gillot-Dard pour « Le plus beau voyage », aujourd'hui au musée des années 1930 à Boulogne-Billancourt. Le 5 janvier 1943, il meurt au 56 rue de Passy. Inclassable, Adolphe Gumery fait partie de ces peintres que l'on appelle aujourd'hui « les petits maîtres du XX° siècle ».