État civil : Moitessier Bernard
Biographie : navigateur et écrivain (1925-1994), il sillonne les océans et effectue des navigations difficiles dont sa participation à la première course en solitaire sans escale autour du monde en 1968. Ses récits publiés chez Arthaud, traduits, font partie des ouvrages référence pour tous les navigateurs.
Historique :
Jeunesse au Viêt-Nam (Indochine) : Bernard Moitessier naît en 1925 à Hanoï. Il passe son enfance à Saïgon avec ses trois frères et sa sœur. Son père s’occupe d’un commerce consistant à planter des caféiers et créer des rizières. Sa première navigation s'effectue de nuit vers seize ans pour rejoindre l’île de Tamassou : 40 milles. Le Lever de soleil sur le golfe de Siam sera une révélation.
1945 : Bernard Moitessier combat au sein de la marine française au Viêt-Nam. Après la guerre, pour échapper à l’entreprise paternelle, il crée sans succès sa propre entreprise de cabotage commercial. Il part alors six mois à la découverte de l’Europe. A bord du paquebot qui le ramène à Saïgon, il rencontre Marie-Thérèse avec laquelle il se fiance brièvement.
1951 : avec son ami Pierre Deshumeurs, il achète puis restaure un vieux bateau, le "Snark". Les navigateurs veulent rejoindre l’Australie. Ils se retrouvent bloqués en Indonésie… faute de visas valides. Six mois plus tard, c’est le retour à Saïgon.
1952 : Bernard Moitessier rachète une jonque qu’il baptise « Marie-Thérèse » et part en solitaire, pour un long périple dans l’océan Indien. Ce périple mènera le navigateur de Kampot en Indochine à l’atoll de Diego Garcia où après 25 jours de mer, le bateau fera naufrage sous la violence de la mousson.
Durant 3 ans, Bernard Moitessier exercera divers métiers pour se renflouer financièrement : charbonnier, conférencier et pêcheur à l’île Maurice…C’est sur cette île, grâce à sa ténacité et à la générosité des habitants, où toutes ses économies seront dilapidées dans la construction d’un nouveau bateau, un ketch de 8 mêtres « Marie-Thérèse II ».
1955 : il embarque le 2 novembre pour une nouvelle aventure maritime. Très vite, le manque d’argent le forcera à jeter l’ancre sur les côtes d’Afrique du Sud.
1958 : les poches pleines à nouveau, Bernard Moitessier reprend la route pour finalement connaître un nouveau naufrage aux Antilles. Il abandonne son bateau échoué sur une plage, et rejoint la France comme matelot sur un pétrolier.
1960 : à 34 ans, sans métier ni diplômes, Bernard Moitessier repart à Paris, il travaille comme visiteur médical. Sur les conseils d’un journaliste, il décrit ses aventures dans : « Vagabond des mers du sud » publié chez Arthaud, éditeur qui le suivra toute sa vie…c’est un véritable succès !
1961 : deux de ses lecteurs passionnés, proposent à Bernard Moitessier leurs services pour construire un nouveau bateau, un ketch en acier de douze mètres. Baptisé « Joshua », en hommage au célèbre marin Joshua Slocum, le voilier fait ses armes dans une école de croisière en méditerranée.
1963 : avec sa femme Françoise, Bernard Moitessier met le cap sur Tahiti via le canal de Panama.
1966 : le voyage du retour est un exploit sans précédent dans le monde maritime : 126 jours de mer, sans escale, en passant par le Cap Horn. Dès son retour il écrit : « Cap Horn à la voile »…second succès !
1968 : un journaliste du Sunday Times lui propose de participer à la première épreuve de Golden Globe : faire un tour du monde à la voile, en solitaire, par les trois caps sans toucher terre, sans aide extérieure ni ravitaillement…le gagnant empochera 5000 livres sterling. Après avoir renvoyé le journaliste, Bernard Moitessier prend tout de même le départ de Plymouth le 22 août à bord du "Joshua"… Neuf autres navigateurs font de même. Le 24 octobre 1968, il franchit le Cap de Bonne-Espérance, en direction de l’Australie…les autres concurrents sont loin derrière ! Six mois plus tard, le ketch passe le Cap Horn. Le 18 mars 1969, considéré grand vainqueur, il atteint les côtes de l’Afrique du Sud…et vient de boucler le tour du monde.
Laissant les honneurs et l’argent, Bernard Moitessier annonce officiellement sa décision d’abandonner la course pour « sauver son âme » et poursuivre sa « longue route ».
Après 10 mois de mer et un tour et demi de la planète, il ne remet les pieds à terre qu’à Tahiti. L’épilogue de la course sera tragique. Un des concurrents se suicidera après avoir fait croire qu’il était en tête alors qu’il errait le long des côtes…la folie et la mort avaient dominé le premier Golden Globe. Bernard Moitessier s’en était détourné pour réaliser son rêve de liberté.
1969-1971 : dans la cale de "Joshua" en mouillage à Papeete, durant deux ans Bernard Moitessier écrit son troisième livre : « La longue route».
Il rencontre sa seconde femme, Iléana. Leur fils Stéphan naît en 1971. La petite famille part durant deux ans à bord de « Joshua ».
1973 : après des escales en Nouvelle-Zélande, Paris et Jérusalem, c’est le retour en Polynésie sur l’atoll de Ahé…la famille s’y installe aux rythmes du soleil.
1978 : installation à Moorea. Après dix années passées en Polynésie, il part à San Francisco… pour se renflouer financièrement !
1982 : au large des côtes mexicaines, le 8 décembre, un cyclone arrache « Joshua » de son mouillage et le jette à la côte… sur une plage.
1983 : sa notoriété permet à Bernard Moitessier de construire son troisième bateau : « Tamata ». Il hisse les voiles pour Hawaï, où il y reste dix mois à œuvrer pour la désescalade nucléaire. Jusqu’en 1985, il navigue et visite la Polynésie et ses lagons. Il y rencontre Véronique qui l’incite à faire escale à Issy-les-moulineaux, en banlieue parisienne.
1990 : Installé en Bretagne où il retrouve des vieux amis comme Jean-Yves Le Toumelin, un autre grand navigateur en solitaire, il retrouve son « Joshua » acquis et restauré par le Musée Maritime de La Rochelle sous l’impulsion de Patrick Schnepp.
1994: après six ans passés à écrire « Tamata et l’Alliance » qu’il publie courant juillet 1993 et à lutter contre une longue maladie, Bernard Moitessier décède. Sa tombe décorée de coquillages est située dans le port du Bono (Morbilhan)