L'artisan qui a mis en oeuvre les silhouettes du Théâtre d'ombres du Chat noir à partir des dessins préparatoires de Caran d'Ache ou Robida est cité en première page des programmes du Chat Noir. Ainsi, à la fonction de " découpeur" est presque toujours accolé le nom de " M. Barat ". Il a réalisé entièrement La Nuit des Temps et a aussi collaboré à L'Épopée, même si la " maison Lebaillif " a dû effectuer les découpes de la première version en 30 tableaux. La consultation du bottin du commerce aux archives de la Seine a permis de retracer l'activité de Mr Barat qui a travaillé une vingtaine d'années sur Paris. Il apparaît pour la première fois en 1878, rue Saint Maur sous la profession de " découpeur sur bois ". Son activité évolue et dès 1882 il s'installe en tant que " découpeur sur bois et métaux ". Il déménage en 1888 pour monter un atelier au 5, Cité du Midi, à deux rues du Chat Noir, et se crée un nouvel espace sur le boulevard Rochechouart l'année suivante. Henri Rivière et Rodolphe Salis pouvaient donc emmener facilement les dessins de pièces d'ombres à l'artisan qui semblait travailler avec rapidité.
Tableau 1. Adresses successives de l'atelier parisien de découpage de Barat
Années d'inscription dans le bottin Adresses successives de l'atelier
1878 42, rue Saint Maur (11e arrondissement)
1884 Aucune adresse
1885 14, rue Picard (18e arrondissement)
1888 5, Cité du Midi (18e arrondissement)
1889 5, Cité du Midi et 48 bd Rochechouart
1897 Fin de l'activité (parisienne ?)
Les informations concernant Barat sont relativement réduites. Seul un document concernant les patentes établies en 1895 dans le quartier des Grandes Carrières apporte quelques renseignements sur son atelier. Il habite au 7 et 7 bis de la Cité du Midi, ce qui contredit le bottin du commerce, et nous n'avons trouvé aucune mention d'un éventuel atelier au 48 du boulevard Rochechouart. Son activité est celle d'une " exploitation d'une scierie mécanique ". Il possède " 6 lames de scie, 4 machines à percer et à découper ". Nous pouvons aussi déduire qu'il était son propre employeur puisqu'il payait l'impôt sur sa société.