Jacques Coulais a mené plus de trente années durant, à Niort dont il est originaire, une carrière de peintre exemplaire. Il est né dans une famille d'agriculteurs qui, par leur exemple, donnent à leurs 8 enfants le goût du travail et de la réussite. Jacques est atteint de la poliomyélite dès l'âge de 6 ans. Enfant, il est placé d'institution en institution au gré des espoirs et des traitements. Il ne retrouve sa famille qu'en 1975. Se destinant au métier de comptable, il opte pour la création sous l’impulsion de Martine Durrieu, l’un de ses professeurs d’arts plastiques. Titulaire, en 1984, d’un DNSEP (Diplôme national supérieur d'expression plastique) obtenu à l’école des Beaux-arts d’Angoulême, il s’engage avec une volonté peu commune dans la réalisation de ses premiers travaux au sol dans son fauteuil : une manière qu'il a inventée et qu'il n'a cessé de pratiquer et de perfectionner. Spécialiste de l’aquarelle, Jacques Coulais fait rapidement de l’art abstrait son mode d’expression privilégié. Inspiré par Jackson Pollock et par la calligraphie, ses travaux plastiques signalent un intérêt soutenu pour les signes mais aussi pour la quête sensible, dans l’esprit d’un Paul Klee, un autre de ses maîtres : le tableau est une surface d’investigation, de marquage des instants vécus ou rêvés, d’expression spontanée. Jacques Coulais, en parallèle, n’exclut pas la recherche formaliste. En fait foi son intérêt pictural pour le carré, un format exploité avec brio.
« Il est l’homme dans la peinture. Quelqu’un qui à un moment donné a dû se couler dans la peinture pour vivre. Jacques Coulais Pictor Maximus : ce « label humain » synthétise en un seul concept l’existence de Jacques Coulais » (extrait de L ‘homme dans la peinture, Paul Ardenne in Jacques Coulais Pictor Maximus – Editions Take Five - 2011)
Dans les années 1990, l'Association des Artistes Peignant de la Bouche et du Pied (AAPBP) lui ouvre ses portes et il en est rapidement nommé membre titulaire.
Jacques Coulais « Pictor Maximus », le « plus grand des peintres », comme l’artiste niortais fut parfois désigné ? Cette « plus grande grandeur » ne tient pas à un classement. Elle n’est nullement l’effet d’une hiérarchie poétique ou esthétique au sens où Jacques Coulais peintre aurait dépassé en maîtrise Picasso, Courbet, Michel-Ange ou Apelle de Cos. La « plus grande grandeur » émane de la condition physique propre à Jacques Coulais dès sa prime enfance – il souffre de la poliomyélite, puis endure la tétraplégie. Son impossibilité à se mouvoir oblige Jacques Coulais à une très particulière mise au travail de son corps : peinture avec un pinceau fiché dans la bouche, ou au moyen de son fauteuil motorisé, ou encore en dirigeant, tel un chef d’orchestre, des assistants opérant sous sa dictée méticuleuse.
En une trentaine d’années, Jacques Coulais peint sans désarmer plus de 1 500 toiles ou dessins, nombre d’entre eux de grand format. La course de fond qu’il mène « peinture battante » est moins un classique contre la montre qu’une forme de vie, que la vie tout court.
Par testament, il a confié à la Fondation de France la mission de réaliser le catalogue raisonné de son œuvre. La rédaction de ce catalogue, la compilation, la datation et le classement des œuvres ont été assurés par Martine Hoyas.