La famille Martin de Chassiron fait partie des plus célèbres familles de Charente-Maritime. Originaire de Saint-Denis d'Oléron, elle compte parmi ses membres d'éminents navigateurs, voyageurs, diplomates, politiciens et hommes de lettres. Le fondateur du nom est un intrépide capitaine de marine qui commerça avec les Indes et qui, anobli sous Louis XIV, acquit les terres de Chassiron, au nord de l'Ile d'Oléron, et devint Seigneur de Chassiron. Le titre de baron ne sera octroyé qu'en 1809, par Napoléon Ier, à l'un de ses descendants, Pierre Charles Martin. Le baron Charles-Gustave Martin de Chassiron, sixième du nom et donc troisième baron, suivit les traces de son prestigieux aïeul voyageur en parcourant, au XIXe siècle, les mers de Chine.Le baron Charles-Gustave de Chassiron participe, en effet, de 1858 à 1860 à une mission diplomatique envoyée en Extrême-Orient pour renouer des relations commerciales avec la Chine et le Japon. Il s'agit de la première ambassade française se rendant au Japon depuis deux siècles et qui aboutira à la signature d'un traité "de paix et d'amitié" entre le Japon et La France, puis entre La Chine et la France. Il rapporte de cette mission une collection importante de livres et d'objets de la vie quotidienne qui nous éclaire notamment sur les types d'objets qu'il était alors possible ou non d'acquérir au Japon, en tant qu'occidental. Il publie, à la fin de 1861, son journal de voyage intitulé Notes sur le Japon, La Chine et l'Inde, 1858-1859-1860 où il raconte sa découverte émerveillée de l'Asie extrême-orientale et sa fascination pour ces pays lointains. Un exemplaire de cet ouvrage, précieux pour le lecteur contemporain, est conservé au Musée d'Orbigny. Parmi ses achats, on trouve des objets très divers : laques, ouvrages de marqueterie et de bambous travaillés, ivoires, bois sculptés, sabres, livres, monnaies d'or et d'argent. Le baron effectuait ses trouvailles dans les bazars ouverts aux étrangers de passage dans les villes de Simoda, Yeddo et Nagha-saki ou dans les monts-de-piété qui abondent dans les quartiers ouvriers. Ces monts-de-piété sont des mines inépuisables pour l'amateur d'objets car on y trouve, soigneusement étiquetés, des pièces de toutes sortes, l'ancien voisinant avec le neuf. Que ce soit dans son approche extérieure du pays ou dans sa tentative de compréhension des Extême-orientaux, son regard est celui d'un étranger attentif et ouvert, pour lequel tout est nouveau, perçu comme différent, voire exceptionnel parce que toujours auréolé du sceau de l'inviolabilité.