Extrait du Dictionnaire Robert Universel de la Peinture :
" On désigne sous cette appellation un groupe de peintres français qui, après 1840, s'installèrent dans le village de Barbizon, en bordure de la forêt de Fontainebleau. Dès 1848, Théodore Rousseau, qui avait vu ses oeuvres systématiquement refusées au Salon, choisit de vivre dans ce village, où il fut bientôt rejoint par d'autres artistes. Beaucoup d'entre eux étaient d'origine modeste, voire pauvre, et ne pouvaient pour la plupart, s'offrir la possession d'un atelier à Paris. Ils menaient à Barbizon une existence de paysans, afin de se consacrer à la peinture.
L'expression " école de Barbizon " ne signifie pas que ces artistes avaient en commun des théories ou des ambitions bien précises. Leur désir de peindre d'après nature les écartait évidemment à la fois du paysage artificiel des derniers classiques et du pittoresque délibéré des romantiques. En fait, beaucoup d'entre eux possédaient une formation initiale d'atelier et ils subirent l'influence de la tradition hollandaise, et aussi celle des paysagistes anglais, alors fort prisés à Paris. Groupe d'amis sans doctrine, l'école de Barbizon représente un moment intermédiaire entre le romantisme et l'impressionnisme. Elle garde du premier le désir d'un contact avec une nature envisagée de façon sentimentale : la lumière est souvent crépusculaire ou orageuse, la végétation est traitée avec une sympathie panthéistique. Elle annonce le second par la recherche de la lumière à un moment donné, par le souci de saisir l'instant fugitif. Considéré comme le chef du groupe, Théodore Rousseau (1812-1867) fut le plus marqué par la manière hollandaise jusque dans la vigueur de son exécution. Certains artistes de Barbizon - tel Constant Troyon (1810-1875) - se spécialisèrent dans la peinture de troupeaux. Il faut citer aussi Narcisse Diaz De La Pena (1807-1876) dont les paysages forestiers pleins d'ombre et d'échappées de lumière comptent, avec ceux de Théodore Rousseau, parmi les meilleurs du groupe. On rapproche parfois de l'école de Barbizon deux autres artistes de " plein air ", Camille Corot (1796-1875) et François Millet (1814-1875). Mais Corot n'y séjourna que peu de temps, en 1846 (il avait déjà peint d'ailleurs à Fontainebleau dès 1830) et à cette époque sa manière propre était totalement formée. Quant à Millet, s'il vécut à Barbizon de 1849 jusqu'à sa mort, sa volonté de réalisme paysan l'éloignait des autres membres du groupe. L'exemple de ces peintres, avant même d'influencer l'impressionnisme, ne fut pas sans marquer Gustave Courbet (1819-1877). "