peintre/peintre d'histoire/scènes de genre/portraitiste/Dominique Feti était élève de Civoli (ou Cigoli). Très jeune encore, `giovinetto`, il peignit un tableau d'autel pour l'église Saint-Laurent de Damase : `Vierge adorée par deux anges et soutenue par deux enfants`. Avec une `Madeleine`, c'est tout ce qu'on connait à Rome de ce peintre romain. Il fut en effet emmené à Mantoue oar le Cardinal Ferdinand de Gonzague. Les oeuvres, à peine sèches, de Jules Romain, plus encore peut-être que les leçons de Civoli, contribuèrent à former le talent de Feti. Cependant ses fresques sont assurément plus inférieures à ses tableaux à l'huile. C'est que la fresque ne lui permettait pas de donner libre cours à ses goûts de coloriste. Pour y donner prétexte visiblement, ses tableaux sont fréquemment presque encombrés d'attributs dont plusieurs n'ont qu'un assez lointain rapport avec le sujet. Pourtant la critique a peut-être été trop sévère pour lui à cet égard. Dans le tableau généralement nommé `La Mélancolie` (musée du Louvre), on signale une foule d'accessoires qu'on trouve disparates et inutiles : un chien, un livre froissé, un sablier, une sphère armillaire, une palette... avec la tête de mort sur laquelle médite une femme. Feller, au début du 18ème siècle, donnait pour titre à ce tableau du 17ème : `Méditation sur le néant des vanités humaines`, qui justifie mieux la présence des nombreux accessoires. le cardinal, duc de Mantoue, avait fait venir dans cette ville toute la famille de Feti dont la soeur Lucrina se fit religieuse au couvent des Ursulines. Elle peignait elle-même avec une certaine grâce et a laissé dans son couvent quelques tableaux qui furent retouchés par son frère, entre autres une `Nativité`. Quant à Feti, il exécuta pour le réfectoire de ce couvent un grand tableau `La multiplication des pains` (Mantoue). Il a orné de peintures l'escalier du couvent, la chapelle du tribunal de Mantoue, l'église des chanoinesses de Latran ; on cite un `Mariage de sainte Catherine`. On ne sait combien de temps il séjourna à Venise dans cette ville à l'âge de 35 ans, à la suite d'excès, est-il rapporté.
La critique a évoqué à son propos des influences diverses et nombreuses, en particulier celles de Elsheimer et Rubens. En fait, à travers ces peintres, auxquels il convient d'ajouter le Bassano, c'est la leçon du Carravage que Feti a propagée avec ses moyens propres, de Rome à Mantoue et Venise. Les effets de lumière, de clair-obscur, de sources de lumière artificielles, sont caractéristiques de la `mise en scène` caravagesque. Un des meilleurs exemples qu'on en trouve dans les oeuvres de Feti, est la `Parabole de la Drachme`, du Palais Pitti à Florence. Quant il s'écarte de la gravité de pensée dont est lourde la `Mélancolie` du Louvre, son style se fait plus intimiste, ce en quoi il annonce le peintre de bambochades M. Sweerts. A cette veine plus familière appartient toute la série des petits tableaux des `Paraboles`. L'accumulation des détails que l'on a pu reprocher à ses fresques du dôme de Mantoue, peut aujourd'hui être interprétée comme une multiplication des prétextes à suivre le cheminement de la lumière en fusion au flanc des objets les plus divers. Le modernisme de sa vision, de son sens dramatique de la répartition de la lumière, de sa technique frémissante, fut longtemps mal compris, quand bien même imité par l'Allemand Liss, le Florentin, Mazzoni, ou encore Maffei et Carneo. la critique moderne s'est attachée à redécouvrir ce peintre, en grande partie dans la perspective du caravagisme.