Peintre de genre, graveur et lithographe, Célestin François Nanteuil-Leboeuf fut le frère cadet du sculpteur Charles Nanteuil. Il entra dans l'atelier d'Ingres à l'Ecole des Beaux-Arts en 1829. Il fut aussi élève de Langlois. Dès 1830, bien qu'il n'eût que dix-sept ans, il était classé comme artiste et accueilli comme tel chez Victor Hugo, dont il fut l'intime ami. A cette date, il affirmait déjà son originalité, notamment dans la lithographie d'un titre de romance : "L'Ange déchu", de Vogel. Cette oeuvre d'extrême jeunesse fait deviner la facture puissante, les qualités de tachiste, qui rendront reconnaissables les oeuvres de Célestin Nanteuil. En 1883, il débuta au Salon avec un tableau : "La Fuite de la Sainte Famille en Egypte" et les vignettes pour différents ouvrages. Il fut l'illustrateur par excellence des maîtres de l'Ecole Romantique. Son oeuvre comme lithographe, comme aquafortiste, comme dessinateur est considérable et mérite d'être réuni.

Il convient d'y citer notamment ses vignettes et ses titres pour l'éditeur Renduel : Première livraison d'une illustration des oeuvres de Victor Hugo, - 1er portrait de Victor Hugo, - 2e Bug-Jargal, - 3e Le Dernier Jour d'un condamné, - 4e Notre-Dame de Paris. La publication n'alla pas plus loin. Ces pièces sont fort recherchées. Citons encore les titres de Lucrèce Borgia (1833), - de Marie Tudor (1833), - de Les Jeune-France, de Th. Gautier (1838), - La Coupe et les lèvres, - A quoi rêvent les jeunes filles, - Namouna, 3 pièces commandées par Renduel et dont Alfred de Musset refusa l'adjonction à ses ouvrages (très rares), - le titre du Théâtre d'Alexandre Dumas (1834), - le titre de Le Monde dramatique, Tome 1 (1835), - La Jolie fille de la Garde, grand in-folio (1836), - le titre de Impressions de voyage d'Alex. Dumas (1837), - le titre de La Cape et l'épée, par Roger de Beauvoir (1837), - La Butte Montmartre (1835). Béraldi catalogue soixante-et-onze eaux-fortes de Nanteuil, y compris celles ci-dessus, lesquelles, sauf quelques pièces de la fin de la carrière du maître, tiennent une place considérable dans la librairie romantique. Il convient d'y ajouter de charmantes lithographies et un nombre important de titres de musique.

Il y a deux phases bien tranchées dans la vie de notre artiste : sa jeunesse, pendant laquelle son crayon alerte, sa puissante imagination traduisant à merveille la conception des poètes, des littérateurs qu'il illustre, c'est le Célestin Nanteuil vraiment intéressant. Plus tard, assagi, désillusionné peut-être, notre artiste semble se survivre. Il continua à prendre part aux Expositions jusqu'en 1874 (Exposition posthume). Il fut médaillé en 1837, en 1848, 1861, 1867 (Exposition Universelle). Nommé en 1867, directeur de l'Académie des Beaux-Arts et conservateur du Musée de Dijon en remplacement de Louis Boulanger, la décoration de la Légion d'Honneur lui fut donnée en 1868. (Bénézit, p. 91)