Charles Gallé, négociant en verrerie et céramique s'est installé à Nancy en 1844. Deux ans plus tard devait naître son fils Emile. Emile Gallé, qui étudie aussi bien la philosophie que les sciences naturelles, réalise des dessins de décors pour l'entreprise de son père dès 16 ans. Il ira apprendre le travail du verre en 1866 à Meisenthal, chez Burgun, Schwerer et Cie. Emile Gallé a des penchants pour la botanique et l'horticulture. Il voyage beaucoup en Europe et visite centres artistiques et musées, jusqu'en 1874, où il prend la direction de l'affaire de son père. L'entreprise va se développer rapidement. A l'Exposition Universelle de 1878, Gallé occupe un pavillon entier. L'Exposition de 1884 sera une véritable rupture. L'usine compte jusqu'à trois cents artisans en 1889. La nature est toujours prise comme point de départ dans le travail de Gallé, et il s'efforce en même temps de s'en affranchir pour donner un caractère personnel à ses créations. Gallé avait puisé tout d'abord son inspiration dans des modèles de Venise ou de Bohême, mais il devient vite le chef de file de l'esthétique Art Nouveau en verrerie. Adepte du symbolisme, il s'efforce de traduire ses idées dans son travail, et il utilise d'ailleurs tous les registres techniques à sa disposition. Il trouve également de fortes inspirations grâce à la littérature, la poésie notamment. En cette fin de XIXe siècle tiraillée entre tradition et renouvellement, Gallé croit au rôle de l'artiste dans la société. En bon pédagogue, il s'explique et accompagne ses expositions en rédigeant de nombreuses notices. Des comptoirs Gallé sont ouverts à Paris, Francfort, Londres, et la fin du siècle voit la consécration internationale de Gallé. Il crée l'Ecole de Nancy en 1901, et décède en 1904. L'entreprise existera jusqu'en 1936, comptant jusqu'à deux mille ouvriers en 1918. (Pierre Bour)