Précisions sur la découverte
L'ensemble gallo-romain de Sanxay, situé à une vingtaine de km au sud-ouest de Poitiers par la route de la Torchaise a connu plusieurs campagnes de fouilles. Les premières traces de fréquentation du temple remontent à la fin du Ier siècle av. J.-C. (monnaies attestant une fréquentation du site du temple octogonal) début de l'ère chrétienne, mais c'est dès le Ier siècle que se mettent en place les ensembles monumentaux et l'organisation générale du site, sans doute en relation avec le développement de la cité des Pictons et de sa capitale, Lemonum (Poitiers). Le site décline dans la seconde moitié du IIIe siècle pour être progressivement abandonné au IVe siècle. Sa renaissance est essentiellement due aux fouilles du Père Camille de La Croix. En février 1881, à l'instigation d'un propriétaire de Sanxay, il se rendit sur place et entreprit aussitôt des fouilles, à ses propres frais, jusqu'en octobre 1883. La plupart des terrains fouillés ayant été loués et aucune subvention n'étant suffisante pour les racheter, il fallut les remblayer. De nouvelles fouilles eurent lieu en 1938 dans la cella du temple et dans le portique sud. Entre 1975-1976, F. Jeangène y effectua onze sondages. En 1985, J.-C. Papinot fit exécuter de nouvelles fouilles, notamment des prospections magnéto-telluriques artificielles, révélant des constructions dans une zone non fouillée (nord de la maison 7). Pierre Aupert entreprit de nouvelles fouilles dans le sanctuaire thermal en 1985, puis dans le temple à partir de 1988.
Il faut replacer Sanxay dans le contexte des sanctuaires ruraux. Ce site devait correspondre à un lieu de culte celtique qui fut "monumentalisé" à l'époque romaine, en rapport avec un centre de cure thermale. Trois monuments se dégagent par leur importance: le théâtre qui comporte une orchestra circulaire, et le sanctuaire thermal (dit balnéaire au XIXe siècle), de l'autre côté de la rivière. C'est dans cette zone que les plus récentes fouilles ont apporté le plus de modifications dans l'interprétation du site. A l'origine existait un sanctuaire entouré d'un vaste portique. Ce rôle de sanctuaire se précise au cours du Ier siècle avec des compléments, en particulier un grand temple à double cella, sanctuaire d'un couple divin dont l'identification reste problématique, mais qui pourrait être en relation avec la végétation et les eaux. Au IIe siècle sont construits deux thermes à fonction curative, au nord-est et au nord-ouest du sanctuaire dont les divinités assuraient la santé des curistes. Au cours de ce même siècle, la fonction thermale, essentiellement fondée sur des bains chauds, prend de l'ampleur jusqu'à gagner le temple double, transformé aussi en salles thermales, et complété par une troisième salle à l'est.
Ce contexte religieux se retrouve dans un troisième monument, le temple octogonal à plan centré, d'origine celtique avec une galerie centrale cruciforme. La présence d'une source dans la cella permet d'identifier ce temple comme un sanctuaire des eaux, ce qui est en parfaite conformité avec l'existence des thermes. Un souterrain donnait accès depuis l'intérieur du temple à la galerie cruciforme, peut-être pour une utilisation de type divinatoire, mais aussi pour servir de passage à la source canalisée jusqu'à un bassin: ce souterrain devait être un élément des pratiques cultuelles du temple. Cette cruche provient du Puits des Hôtelleries, selon François Eygun