Au Salon de 1846 à Paris, Curzon expose avec quatre peintures un ensemble important de sept dessins au fusain : cinq d’entre eux illustrent l’un des Contes d’Hoffmann Maître Martin le tonnelier et ses compagnons (Meister Martin der Küfner und seine Gesellen ) appelé aussi Le Tonnelier de Nuremberg, qui situe dans le Nuremberg du 16e siècle la fable pittoresque et fantastique de jeunes artisans amoureux de la fille d’un riche tonnelier bourgeois de la cité. Maître Martin le tonnelier et ses apprentis a été composé en décembre 1817 et janvier 1818.
Alfred de Curzon s'inspire ici de la scène se situant au milieu du conte d’Hoffmann. Ce dessin apparaît dans le catalogue de l’exposition poitevine de 1851 sous le titre Reinhold et Frédéric descendent la montagne en chantant. Frédéric et Reinhold font connaissance :[…]tous deux descendent vers Nuremberg, on peut grâce au luth que porte Reinhold, identifier les deux protagonistes " Reinhold sautait gaiement de côté et d’autre, chantait, et jetait sa barette en l’air ". Tous deux portent en bandoulière un sac de voyage qui renferme entre autres trésors les outils de tonnelier, dont ils devront se servir pour conquérir le cœur de Rosa dont chacun est épris. Quelques erreurs anatomiques ( jambe droite et pied de Reinhold, la main de Frédéric posée sur l’épaule de son compagnon) laissent transparaître la jeunesse de l'artiste.
« Allons ! aucun espoir n'est encore perdu ! ». Ainsi s'écria Reinhold avec transport et d'un ton si violent, d'un air si farouche, que Frédéric en fut presque intimidé. Il s'était levé en même temps, son épée résonna à son côté, et quand il fut debout dans une contenance altière, à voir les ombres saillantes projetées sur son pâle village, ce qui donnait un aspect menaçant et terrible à sa physionomie naturellement douce et gracieuse, Frédéric tressaillit malgré lui, et s'écria avec émotion : « Mon Dieu ! que t'est-il donc arrivé si subitement ? » En prononçant ces mots, il fit deux ou trois pas en arrière et heurta du pied le sac de voyage de Reinhold. On entendit résonner aussitôt un instrument à cordes, et Reinhold s'écria d'une voix courroucée : « Méchant compagnon, ne me casse pas mon luth ! » L'instrument était attaché au sac de voyage. Reinhold s'en empara, et il fit retentir quelques accords désordonnés et frénétiques, comme s'il eût voulu le faire éclater. Mais, bientôt après, sa musique prit un caractère mélodieux et touchant. « Viens, cher frère ! dit-il d'une voix redevenue calme et douce, viens ! descendons au village. Je tiens entre les mains un bon remède pour chasser les mauvais esprits dont nous pourrions faire rencontre, et dont je dois surtout craindre l'agression. Eh, cher frère répliqua Frédéric, quels mauvais esprits voulez-vous qui nous attaquent en route ? Mais j'éprouve à t'entendre jouer un charme infini. Continue !».
Les étoiles dorées scintillaient sur l'azur foncé du ciel, la brise nocturne effleurait avec un sourd murmure les prairies odoriférantes, l'eau des ruisseaux semblait bouillonner plus vite, on entendait de toutes parts le bruissement lointain de mille arbres touffus. Cependant Reinhold et Frédéric descendaient du coteau, unissant leurs voix sonores aux accords du luth, et les doux refrains de leurs chansons passionnées montaient comme une prière ailée vers les cieux.
(trad. fr. Henry. Egmont, Paris, 1836, chapitre V, pp. 96-97)
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
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monogrammé et daté 1845 (en bas à gauche)
(b.d.)