Frédéric et Reinhold - 896.1.203
Curzon Alfred de

Au Salon de 1846 à Paris, Curzon expose avec quatre peintures un ensemble important de sept dessins au fusain : cinq d’entre eux illustrent l’un des Contes d’Hoffmann  Maître Martin le tonnelier et ses compagnons (Meister Martin der Küfner und seine Gesellen ) appelé aussi Le Tonnelier de Nuremberg, qui situe dans le Nuremberg du 16e siècle la fable pittoresque et fantastique de jeunes artisans amoureux de la fille d’un riche tonnelier bourgeois de la cité. Maître Martin le tonnelier et ses apprentis a été composé en décembre 1817 et janvier 1818.

Alfred de Curzon s'inspire ici de la scène se situant au milieu du conte d’Hoffmann. Ce dessin apparaît dans le catalogue de l’exposition poitevine de 1851 sous le titre Reinhold et Frédéric descendent la montagne en chantant.  Frédéric et Reinhold font connaissance :[…]tous deux descendent vers Nuremberg, on peut grâce au luth que porte Reinhold, identifier les deux protagonistes " Reinhold sautait gaiement de côté et d’autre, chantait, et jetait sa barette en l’air ". Tous deux portent en bandoulière un sac de voyage qui renferme entre autres trésors les outils de tonnelier, dont ils devront se servir pour conquérir le cœur de Rosa dont chacun est épris. Quelques erreurs anatomiques ( jambe droite et pied de Reinhold, la main de Frédéric posée sur l’épaule de son compagnon) laissent transparaître la jeunesse de l'artiste.

« Allons ! aucun espoir n'est encore perdu ! ». Ainsi s'écria Reinhold avec transport et d'un ton si violent, d'un air si farouche, que Frédéric en fut presque intimidé. Il s'était levé en même temps, son épée résonna à son côté, et quand il fut debout dans une contenance altière, à voir les ombres saillantes projetées sur son pâle village, ce qui donnait un aspect menaçant et terrible à sa physionomie naturellement douce et gracieuse, Frédéric tressaillit malgré lui, et s'écria avec émotion : « Mon Dieu ! que t'est-il donc arrivé si subitement ? » En prononçant ces mots, il fit deux ou trois pas en arrière et heurta du pied le sac de voyage de Reinhold. On entendit résonner aussitôt un instrument à cordes, et Reinhold s'écria d'une voix courroucée : « Méchant compagnon, ne me casse pas mon luth ! » L'instrument était attaché au sac de voyage. Reinhold s'en empara, et il fit retentir quelques accords désordonnés et frénétiques, comme s'il eût voulu le faire éclater. Mais, bientôt après, sa musique prit un caractère mélodieux et touchant. « Viens, cher frère ! dit-il d'une voix redevenue calme et douce, viens ! descendons au village. Je tiens entre les mains un bon remède pour chasser les mauvais esprits dont nous pourrions faire rencontre, et dont je dois surtout craindre l'agression.  Eh, cher frère  répliqua Frédéric, quels mauvais esprits voulez-vous qui nous attaquent en route ? Mais j'éprouve à t'entendre jouer un charme  infini. Continue !».

Les étoiles dorées scintillaient sur l'azur foncé du ciel, la brise nocturne effleurait avec un sourd murmure les prairies odoriférantes, l'eau des ruisseaux semblait bouillonner plus vite, on entendait de toutes parts le bruissement lointain de mille arbres touffus. Cependant Reinhold et Frédéric descendaient du coteau, unissant leurs voix sonores aux accords du luth, et les doux refrains de leurs chansons passionnées montaient comme une prière ailée vers les cieux.

(trad. fr. Henry. Egmont,  Paris, 1836, chapitre V, pp. 96-97)

9, place Gambetta (cœur de ville)

17310 Saint-Pierre-d’Oléron

Ouvert - dimanche : 14h - 18h

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Caractéristiques

Numéro d’inventaire
896.1.203
Domaine
dessin - arts
Dénomination
dessin
Typologie
ogivale
Titre
Frédéric et Reinhold
Auteur, exécutant
Curzon Alfred de - dessinateur
Date d'exécution
1845
Siècle ou millénaire
2e quart 19e siècle
Matière
papier
Technique
pierre noire - fusain
Dimensions et formes
H. 52,7 ; l. 38,5 (feuille) - H. 40,5 ; l. 29,8 (dessin)
Type d’inscription
monogramme - datation - marque de musée
Transcription des inscriptions

monogrammé et daté 1845 (en bas à gauche)

(b.d.)

Source de la représentation
Scène du conte d’Hoffman, Maître Martin et ses ouvriers, également connu sous le titre du Tonnelier de Nuremberg. Ce conte, paru dans le Taschenbuch zum geselligen Vergnügen auf das Jahr 1819 (Almanach pour se distraire en société) à Leipzig chez Johann Friedrich Gleditsch et à Vienne chez Carl Gerold, en 1819 [ou 1818 ?], p. 9-110, puis dans le volume 2 ( 4e section) du recueil de nouvelles Les Frères de Saint-Sérapion : collection d’histoires et de contes de fées ( Die Serapions-Brüder, gesammelte Erzählungen und Mährchen, vol. 2, Berlin : G. Reimer, 1819 octobre). Le conte sera traduit de l’allemand en France en 1830 (mars) par Loève-Veimars sous le titre : « Maître Martin, le tonnelier, et ses apprentis (in Contes fantastiques, tome VI, Paris : Eugène Renduel, 1830 , p. 9-161) puis en 1836, (traduction et présentation) par Henri Egmont, sous le titre : « Maître Martin le tonnelier et ses apprentis »(in Hoffman Contes fantastiques, tome 4, Paris : Camuzeaux, 1836), puis par Émile de La Bédollière en 1838 sous le titre : « Maître Martin le tonnelier et ses compagnons » (in Hoffmann Contes mystérieux, vol. II, Paris : Gustave Barba, “Cabinet littéraire ; Œuvres complètes de E.-T-.A Hoffmann ; II”, 1838, p. 1-155), en 1843 par Xavier Marmier, sous le titre « Maître Martin et ses ouvriers » (in Hoffmann Contes fantastiques d'Hoffmann, Paris : Charpentier, 1843, p. 226-285) puis en 1859 , traduction anonyme [Jacques Ancelot] sous le titre : « Le Tonnelier de Nuremberg » ( in Hoffmann Contes d'Hoffmann, Paris : Arnauld de Vresse, 1859, p. 69-105).
Sujet représenté
jeunes gens - jeune homme - luth - village - nuit - arbre - chemin - sac
Localisation de l'objet
musée Sainte-Croix (Poitiers, bât.)
Propriétaire, type de propriété
Poitiers, propriété de la commune
Mode d'acquisition par le musée, date d'acquisition
don, 1896
Service gestionnaire
Musée de la Ville de Poitiers et de la Société des Antiquaires de l'Ouest
Ancienne appartenance
Curzon Henri de
Bibliographie
Thomas T 1982 (117)
exposition
Poitiers, Musée Sainte-Croix, du 16 Juin au 20 Septembre 1982.
Dessin, Rosa
Curzon Alfred de, 2e quart 19e siècle

Mentions légales

Mention légale
© Alienor.org, musées de la Ville de Poitiers et de la Société des Antiquaires de l'Ouest

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