Cette lithographie au trait tiré sur sanguine pâle en 1856,  et reprise à l’aquarelle, est la reproduction de la peinture murale de la voûte en cul de four de l'abside sur laquelle Alfred de Curzon et son ami E. Froment travaillèrent en juin 1856.

B. Gaudichon, dans le catalogue des peintures 19e-20e siècle du Musée de Poitiers, nous indique : « Un artiste lyonnais non identifié par le fils de l’artiste réalisa d’après les cartons d’Alfred de Curzon, une frise représentant Saint Martin renversant l’idole de Charron. Deux projets de panneaux Saint Martin donnant la moitié de son manteau à un pauvre et Mort de Saint Martin ne furent pas exécutés". Cette aquarelle est intéressante à plus d’un titre : elle est le seul vestige de l’unique décor religieux peint par de Curzon ; ensuite elle montre qu’il se rattache avec aisance au grand courant de décor religieux auquel participa notamment son ami Bouguereau ( Sainte-Trinité à Paris) ;  à ce titre on peut rappeler ici que de Curzon reproduisit à l’aquarelle le décor de fresque de San Benedetto de Subiaco.

Du point de vue du style, elle est significative d’un art religieux éclectique à la manière de Flandrin, qui lie la belle composition équilibrée, dignes des maîtres du Quattrocento, au dessin de figures archaïsantes se détachant sur un riche fond de mosaïques d’or inspiré  par les églises paléochrétiennes. Mais surtout sur le plan du dessin, elle est la seule de ces brillantes aquarelles, qui faisaient l’admiration de son entourage, à figurer dans le fonds du musée Sainte Croix. L’image nous montre saint Martin en évêque et saint Symphorien jeune, accompagnés de leurs anges gardiens qui les présentent au Trône de Dieu.

 (Ph. Bata: Curzon, les dessins, 1998, notice n° 74 p. 111-112)