L’île de Capri est célèbre depuis l’Antiquité, comme le sait l’élite cultivée du temps, nourrie de littérature classique, qui est souvent lue dans le texte grâce aux éditions qui se multiplient.

Homère situe dans les parages de Capri l’épisode des Sirènes de l’Odyssée, et  Suétone en 65 après. J.-C. dans sa Vie des Douze Césars évoque les 12 villas construites par Tibère sur l’île enchanteresse. En 1807, Mme de Staël, publie des descriptions des plus beaux sites de cette région dans son roman Corinne qui eut un grand succès. Le paysagiste Michallon croque des vues de la falaise rocheuse lors de son passage en 1819, et Corot passe dans l’île en 1828. Quand en 1847, Lamartine dans son récit autobiographique Graziella, popularise Capri où se déroule une partie de l’action, Alfred de Curzon a déjà visité le site l’année précédente avec Brillouin (1846).

Lors du second voyage il  arrive à Capri en 1851 avec le peintre Bouguereau et le photographe Bouchaud, il y rencontre également le paysagiste Harpignies.

Le dessin de l’église à Capri ( mine de plomb avec rehauts de craie sur papier gris bleu), conservé dans les collections du musée de Poitiers est issu du premier séjour de l’artiste à Capri. Il porte la date du 8 octobre 1846. On ne voit pas la mer, mais l’intérieur de l’île, avec une vue en contre-plongée de la ville méditerranéenne, dont les toits en terrasse et le dôme de l’église s’étagent harmonieusement, parallèlement aux pentes de la montagne en arrière-plan. La finesse et la sûreté du trait qui cerne les volumes et les reliefs, rattachent ce style incisif et épuré à l’école classique de paysage, dans la veine des dessins de Flandrin, Cabat, Bénouville. Les rehauts de blanc sont habilement placés pour créer une lumière pleine de quiétude qui creuse les reliefs des architectures et des falaises. Le motif n’a pas été entièrement saisi, comme l’indique le premier plan nu, où sont ébauchées quelques lignes de relief. Lors de son retour à Capri, Curzon réalisera un motif analogue à l’huile sur papier.