Comme trois autres dessins consacrés à des études de femmes italiennes à la mine de plomb ou au fusain, cette dernière, répond à la préoccupation d'Alfred de Curzon de rassembler des motifs de figures à la fois authentiques dans leur aspect, dignes d’être peintes pour leur agrément, et suffisamment sincères dans le traitement psychologique pour capter l’intérêt du Salon. Alfred de Curzon entend en effet réussir dans la peinture de composition, qu’elle soit d’histoire ou de genre ; il a donc besoin d’une collection de personnages, notamment pour peupler ces scènes italiennes qui font son succès après celles de Bodinier, Schnetz, et de Léopold Robert.

Ce dessin allie la finesse du travail et de la traduction du modèle à un grand sens de la composition et des masses. Cette recherche d’équilibre et de dignité, donne à ces paysannes italiennes la grandeur des madones de Michel-Ange ou d’Andrea del Sarto ; précisément pour cette femme de Capri, à rapprocher de La Charité de ce dernier, motif très étudié à l’époque, notamment par Bouguereau, proche d'Alfred de Curzon. On peut également songer à ses mots lors de son premier voyage en Italie ( 14 février), à propos de la région de Naples et de son golfe : « Je voudrais étudier son peuple, ses mœurs, son costume, pour exprimer avec des contours et des couleurs, ces ravissantes peintures ». Cette étude fut vraisemblablement reprise dans La Villa d’Este (toile du musée de Mulhouse), le personnage y figurant cette fois debout. Les mentions de couleurs de la main de l’artiste apportent à cette prise de note d’après modèle, l’élément manquant : la couleur indispensable à la restitution correcte de la figure originelle. (Ph. Bata : Curzon: les dessins, 1998, n° 31, p.69-70)

(NB : au verso: deux bustes, un homme et une femme, personnages mythologiques, probablement).