"Né à Voiron, dans l'Isère, Lucien Mainsieux est un artiste à la fois très attaché à sa province natale, et passionnément épris de voyages. Fréquents, réguliers, ses périples le mènent par prédilection sous les cieux méridionaux : de nombreux séjours à Rome ont été pour lui, dès les années 1910, une véritable révélation, bientôt confirmée sur les côtes africaines, en Tunisie, au Maroc et en Algérie.
Jusque dans son âge mûr, il poursuit cette quête insatiable du voyageur, cette profonde immersion en territoire étranger - qui le fait surnommer par ses amis "le crabe du désert". Si les séjours comblent l'homme, ils inspirent naturellement beaucoup l'artiste, considéré dans les années 1940 comme le plus grand représentant de la peinture française en Afrique du Nord.[...].
Rome : Arc de Titus (cat. n° 29) se distingue par la même économie de matière picturale que Rue à Tunis (cat. n° 28). L'architecture antique fait partie, depuis ses tout premiers séjours romains, des thèmes de prédilection de Mainssieux - qui peint volontiers aussi le Colisée, le Forum ou l'Arc de Constantin, avec un goût marqué pour le travail réalisé directement sur le motif. La vieille cité latine lui a d'emblée suggéré l'emploi d'une infinie modulations de tons, à l'exemple de la nature qui s'offrait à ses yeux. [...] Ici, son arc apparaît modelé de tons chair, rosés, ocres, souligné d'ombres gris bleues - une harmonie chromatique également déclinée pour les bâtiments entrevus à l'arrière, ainsi que pour le sol, ponctué de végétation.
Mainssieux a traité ce motif à plusieurs reprises, en variant légèrement l'angle de vue ; il ajoute ici, à l'avant de l'arc, un rocher volumineux qui revêt une importance purement plastique : traité dans des tons identiques à ceux de l'arc, il propose une sorte de rime visuelle, tandis que la clarté de sa surface accroche le regard et établit un premier plan dans la composition. [...]". (Bourel Y Bozier S 2009)