Ce panneau de chêne peint à l'huile par Marten van Valckenborch s'inscrit dans la tradition flamande des scènes de la vie populaire illustrant les activités des mois et des saisons. Le déchargement des navires (illustration du mois d'octobre), le retour des troupeaux (en novembre), le flambage du porc (en décembre), le travail des bûcherons (en janvier ou février), mais aussi l'auberge du Cygne, avec une allusion aux maisons de débauche, et les jeux sur la glace, composent une vision panoramique des travaux et des plaisirs hivernaux.
Le thème médiéval des "saisons" avait déjà été renouvelé et remis en faveur par Jan Brueghel l'Ancien. Van Valckenborch brosse ainsi avec verve, et un humour jovial, les activités coutumières d'une agglomération rurale pendant l'hiver. La ville représentée pourrait être l'ancienne Liège. Ce tableau devait faire partie d'une série de quatre saisons, dont les trois autres scènes ou des variantes existent dans des collections hollandaises et suédoises.
Se reportant à la tradition des Calendriers, le peintre accumule d'un pinceau alerte et minutieux le plus grand nombre possible de saynètes illustrant habituellement les mois froids.
Il réunit dans une synthèse réjouissante les plaisirs et les travaux quotidiens d'octobre à février : au premier plan, dans une palette aux tons chauds, il détaille la vente et l'abattage des cochons et la préparation de la viande, l'animation sur la place du village et à l'auberge,
images classiques de décembre. Le bûcheronnage, au tout premier plan, évoque février, tandis que sur la rivière gelée, patineurs et traîneaux à glace suggèrent les agréments de janvier.
Soucieux de vérité, à la manière des miniaturistes, Van Valkenborch n'oublie rien : ni l'enseigne de l'auberge, ni le puits, ni même les latrines au bord de l'eau. Son art, joyeux, et un peu maladroit, loin des peintures de méditation, nous entraîne dans un univers naïf et déjà
lyrique.