Ophelia

- 881.1.4
Burthe Léopold

Issu du drame shakespearien, Hamlet, publié en 1601, le personnage d’Ophélie connut une large postérité, source d’inspiration répétée pour les artistes : peintres, poètes comme sculpteurs et particulièrement au XIXème siècle.

Incarnation du désespoir, « image féminine passive [et désabusée], Ophélie implique la défaite intérieure, la montée de l’ombre, la dépossession » (Jean Starobinski). Allégorie de la résignation fatale, se laissant submerger par ses états d’âme autant que par les eaux, cette héroïne ne pouvait qu’inspirer la génération des Romantiques, en proie, dès les années 1820, aux émotions les plus vives et à leurs traductions esthétiques.

Dans cette nouvelle illustration, Léopold Burthe choisit de représenter la scène 7 de l’acte IV, soit « l’ultime frontière », le moment du basculement, l’instant où la jeune femme s’abandonne aux eaux et se laisse emporter par le courant impétueux. Le caractère tragique de la scène est conforté par un dernier sursaut, Ophélie se retenant à la branche d’un saule comme une ultime hésitation, « ses vêtements se déployant autour d’elle [l’ayant] quelque temps soutenue sur les flots comme une sirène ».

Motif récurrent pour les artistes, Ophélie a davantage inspiré qu’Hamlet, pourtant personnage éponyme de la tragédie de Shakespeare. L’épisode de la noyade, point culminant du drame sciemment choisi par Burthe, fut déjà représenté tant par Auguste Préault (1842), Eugène Delacroix (1844) que par John Everett Millais (1851), l’une des plus fameuses illustrations de ce thème et peu de temps avant les variantes qu’en donneront Paul Delaroche (1853), Alexandre Cabanel (1883) ou encore Odilon Redon (1900-1905).

Bien que traité dans une veine très austère voire glacée, niant tout effet de réalisme pour privilégier la ligne, élégante, et le dessin, rigoureux, ce sujet tragique, sous les pinceaux de l’artiste,  révèle une profonde poésie, une grande délicatesse et invite au recueillement. Le modelé doux et fondu du visage de la « jeune martyre », comme apaisée, convient « à cette ombre que le tombeau réclame, et sur les lèvres de laquelle la mort a déjà déposé son fatal baiser.»

Le plus souvent considérée comme esseulée, délaissée par son amant et poussée à la folie par la mort tragique de son père, Ophélie émeut le spectateur. Comme le suggère Catherine Authier, le sujet reste cruellement d’actualité : la jeune femme, en tant que victime, incarne en effet un type de souffrance auquel s’identifient un très grand nombre de jeunes filles en mal de vivre.

Toutefois, un article paru en avril 2010 dans Le Monde, sous la plume d’Equinox rappelle le poème d’Arthur Rimbaud (Ophélie, Poésies, 1870) et invite à envisager une autre fin, ovidienne, celle de la métamorphose. Elle ne serait ni folle ni morte mais tout simplement devenue être floral :

''« Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,    
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux. »         
''

 

« Finalement, Ophélie comme Orphée, un être qui vit parfaitement en harmonie avec la nature et capable d’enchanter les hommes avec sa lyre, mais aussi la nature, les plantes et les fleurs. Le personnage de Shakespeare est un Orphée au féminin, qui cédant au conformisme familial, aurait abandonné son Eurydice… ».

9, place Gambetta (cœur de ville)

17310 Saint-Pierre-d’Oléron

Ouvert - dimanche : 14h - 18h

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Caractéristiques

Numéro d’inventaire
881.1.4
Domaine
peinture - arts
Autre(s) numéro(s)
24 (Brouillet) - 157 (registre P.A.P.)
Dénomination
tableau
Titre

Ophelia

Auteur, exécutant
Burthe Léopold
Date d'exécution
1852
Siècle ou millénaire
3e quart 19e siècle
Matière
toile (support)
Technique
peinture à l'huile
Dimensions et formes
H. 62,3 ; l. 100,3 (sans cadre) - H. 93 ; l. 131; E. 12,3 (avec cadre)
Type d’inscription
signature - datation - cachet en relief - inscription manuscrite - cartel - tampon - étiquette imprimée
Transcription des inscriptions

LEOPOLD-BURTHE
MDCCCLII (en bas à gauche)

cachet de cire, de la douane de Paris (au dos, sur le châssis)

Léopold Burthe (au dos, traverse centrale du châssis)

LEOPOLD BURTHE

(1823-1860)

OPHÉLIA (1852)

huile sur toile

inv. 881.1.4 (au dos, collé sur le cadre)

157 ((au dos, traverse centrale du châssis)

24 (b. m. sur le cadre)

Source de la représentation
Léopold Burthe s'est inspiré de la mort d'Ophélie, d'après la pièce de William Shakespeare, Hamlet (acte IV, sc. 7).
Localisation de l'objet
musée Sainte-Croix (Poitiers, bât.)
Propriétaire, type de propriété
Poitiers, propriété de la commune
Mode d'acquisition par le musée, date d'acquisition
legs, 02.10.1881
Service gestionnaire
Musée de la Ville de Poitiers et de la Société des Antiquaires de l'Ouest
Ancienne appartenance
Foucher de Circé Marie-Marguerite
Bibliographie
Fetu, 1858
DETRUIRE Laclotte M Vergnet-Ruiz J 1962_3
Gaudichon, 1984-1986
Thomas, 1984
exposition
Paris, Salon, 1852, n°200. Dijon, 1858, n°102 (b). Paris, Shakespeare et la France (?), 1939.

Mentions légales

Mention légale
© Alienor.org, Musées de la ville de Poitiers et de la Société des Antiquaires de l'Ouest

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