Avec la nature morte, Bouche semble pousser à son paroxysme le chemin stylistique qu'il s'est frayé dans la suite des Lyonnais Ravier et Carrand. Usant à merveille d'empâtements et d'une gamme restreinte de couleurs sourdes, il construit des oeuvres à la frontière de l'abstraction et dans lesquelles le mouvement de la matière appliquée largement sur le support marque davantage le sujet que la couleur, à peine intervenante. Néanmoins, les compositions d'une extrême simplicité et l'évidence centrale du sujet expriment l'attachement du peintre au réel, à la nature en laquelle il puise l'essentiel de son inspiration.
"Les natures mortes sont agencées de façon très élaborée : objets posés sur une table ou des guéridons, rideaux de fond en tissu précieux. Les objets sont vus en surplomb, ou représentés de face avec une perspective redressée. Les ombres portées sont indiquées sommairement. Il n'y a pratiquement pas de différence entre le traitement de l'objet et du fond. D'où une grande difficulté à "lire" le sujet de la toile : de près, ce ne sont que touches grasses de couleurs, formes éclatées, et cela se recompose à distance, à mesure que l'oeil s'habitue. L'identification demeure cependant imprécise, comme si le véritable sujet du tableau n'était ni les fleurs ni les fruits, ni l'espace. Ce que Bouche traque au plus secret de la matière, c'est l'impondérable" (Bourel Y Bozier S 2009).