Les protagonistes portent le même vêtement, une aube longue à col rond à revers, au bouton rond. Le visage présente des traits juvéniles. Il se rapproche des figurations d'anges du XIVe et XVe siècle, cependant aucun indice iconographique ne permet de confirmer cette hypothèse. Le bras droit de ce personnage est contorsionné derrière la tête, de sorte que la main repose sur le sommet de la chevelure. Le traitement du personnage est précieux par sa finesse. Des petits yeux aux paupières fines non débordantes et aux globes oculaires lisses, le nez large et rond, la petite bouche bien dessinée, sont finement marqués sur les volumes fondus de la tête ronde, des joues pleines et du menton. Les cheveux dessinent des ondulations encore bien visibles sur le côté gauche du visage et en frange en haut du front. Bien que la torsion du bras de ce personnage soit contre nature, elle n'entraine pas de modification de la pondération générale du corps, laissant croire de prime abord que la main visible sur la tête est celle d'un autre personnage. La séparation des protagonistes est incertaine. En effet, les drapés épais et amples, aux plis courbes, dissimulent les corps, et les nombreux éclats et manques gênent la lecture. Le jeu complexe des étoffes couvre librement une surface large, dépassant du cadre strict du support. Le bas des robes s'étale sur la partie droite du bloc, et leurs volumes ne sont nullement assujettis à la forme du cul-de-lampe, dont l'épannelage tronconique strict disparait.

Ampleur, liberté et aisance des étoffes sont autant de marques de la grande qualité de cette sculpture. Ce trait se retrouve dans la sculpture décorative de petites dimensions mais également dans la statuaire au tournant du XIVe et du XVe siècle. Si l'épannelage polygonal n'est pas visible sous le tailloir, et que le jeu des draperies l'occulte, la sculpture n'en est pas moins subordonnée à une fonction décorative.

Les traits du visage sont proches des productions des années 1390 à la Sainte-Chapelle de Vincennes et de plusieurs anges en provenance de sites où furent érigés des édifices sous le mécénat de Jean de Berry. Ces comparaisons permettent de renforcer l'hypothèse d'une datation aux alentours de 1400.

Il est intéressant de trouver aux Cordeliers, face au palais, une production stylistiquement comparable aux œuvres issues du milieu artistique du mécénat de Jean de Berry. Cependant l'évolution des consoles du palais à ce petit cul-de-lampe est nette. Cette sculpture ne peut par conséquent être rattachée directement à l'atelier des sculpteurs du palais.