Le point de vue choisi par l’artiste est assez classique, puisqu’il s’agit de l’église Notre-Dame vue depuis la Gartempe. Toutefois, à la différence des autres artistes montmorillonnais, Raoul CARRE appose sa touche personnelle en exposant le côté nord de l’église, et non le chevet très fréquemment illustré, et il propose une vision quasi-nocturne de la ville. Ce choix permet à l’artiste de travailler sur une gamme chromatique dense, dans les tons de bleus et de violets, parfaitement illustrée dans le rendu de l’eau et des reflets, et de jouer sur les coloris modifiés par la baisse de la lumière. La technique utilisée, qui se caractérise par d’épais cernes noirs, correspond à la période de maturité de l’artiste, et permet de dater l’œuvre de la fin des années 20 - début des années 30. C’est le seul exemple connu de vue nocturne réalisée par CARRE, mais le musée conserve cependant six œuvres de l’artiste évoquant Montmorillon (scènes de marché, Vieux Pont et rue des Ilettes).