Vierge en bois polychrome tenant dans ses bras l'enfant Jésus.

Cette Vierge à l'enfant est posée sur un socle composé d'un plateau de bois sur lequel sont montés des « nuages » en tourbillons concentriques ; dessus sont posés les pieds de la Vierge, son pied gauche en avant, celui de la jambe porteuse, le second étant nettement en arrière et présenté de profil sous un genou plié indiquant un léger contraposto.

La tête de la Vierge est légèrement inclinée vers la gauche et c'est surtout le regard levé vers le ciel qui indique son attitude priante.

Elle porte devant elle Jésus presque nu, aux formes disproportionnées par rapport à sa mère, sa tête par exemple étant plus grosse que elle de la Vierge. Sans doute le sculpteur a-t-il tenu à mettre cette figure au maximum en avant, mais cette disproportion reste choquante et on pense en le voyant plus à un « putti » descendu d'un nuage qu'à un véritable enfant en relation avec sa mère. Son attitude d'ailleurs confirme cette impression car il semble tout à fait ludique, joyeux, il lève son bras droit dans une attitude dynamique, la tête penchée accompagnant son mouvement. Son index sectionné peut laisser penser qu'il tenait une hampe. La Vierge, elle, absorbée dans sa prière vers le ciel, reste étrangère au geste de son enfant.

Le traitement du drapé du vêtement de la Vierge est assez savant et crée un effet raffiné, mais il présente certaines incohérences : ce qui apparaît d'abord comme un pan du manteau vertical au niveau de l'épaule fusionne ensuite avec la robe, à partir des plis diagonaux sur la cuisse ; de l'autre côté au contraire, ce manteau est drapé sur l'épaule, mais on voit apparaître un niveau de chemise à mi-cuisse qui repose sur la longue robe, alors que cet élément n'existe absolument pas sur le coté droit de la statue.

Ces incohérences dans le traitement des drapés, mises en relation avec les proportions démesurées de l'Enfant font penser à un sculpteur qui ne maîtrise pas totalement son art et « colle » ensemble des morceaux qu'il copie peut-être ailleurs.

C'est pourtant l’œuvre d'un seul artiste puisque le regard profond de la Vierge a son équivalent dans le regard également levé au ciel de son fils, avec, dans les deux cas, des yeux en creux, enfoncés non seulement sous les arcades sourcilières mais aussi sous la paupière supérieure.

Le voile de la Vierge posé très en arrière sur sa tête est assez élégant, il dégage sa chevelure gonflée, et se termine de façon asymétrique aussi par un pli sur son épaule gauche, et par un léger envol, nettement plus court, sur le côté droit.

Enfin les pieds de la Vierge sont chaussés de sandales ouvertes à la mode romaine, découvrant largement le pied sous les trois lanières orange. L'insistance sur ce détail vestimentaire permet de penser qu'il s'agit d'une mode particulière qui fait en effet penser au renouveau de l'Antique sous Louis XVI.

[ Photos présentées à Genevière Bresc, Conservateur du département des sculptures du musée de Louvre = statuette de dévotion privée, l'enfant énorme, XVII° ou XVIII°]

Sculpture en bois polychrome et doré.