Ce coffret provient du legs de Madame Poupelard effectué au profit du Musée de Poitiers en 1910. Lors de sa redécouverte, à l’occasion du chantier des collections, il contenait les effets personnels de la donatrice : deux éventails en soie et monture d’ivoire, un diadème en perles de corail montées sur métal, des flacons à sels (respirés en cas de malaise), une bourse en soie tissée, une boite à poudre décorée d' un héron et une boite inrô¹ . Ces deux derniers objets témoignent de la forte influence du Japon sur les arts décoratifs français à la fin du 19e siècle.

 La datation du coffret est néanmoins bien plus ancienne.

Monté en bois, plaqué d'écailles de tortue et de feuilles d’argent travaillées au repoussé² dont les motifs végétaux sont issus du répertoire ornemental de la Renaissance, cet ouvrage a été réalisé au 17e siècle. Importé par les grands navigateurs espagnols et portugais au 16e siècle, le travail de l’écaille³ se diffuse alors largement en Europe. Ce coffret est représentatif de la virtuosité des artisans d’art, et de l’essor des arts décoratifs à cette époque, favorisé par l’effervescence culturelle autour de Louis XIII et Anne d’Autriche, puis sous le règne de Louis XIV.

1-Petite boite utilitaire à compartiments que les hommes portaient à la ceinture, pendues à une cordelette serrée par une perle (ojime) et retenue par un bouton ou pendentif (netsuke).

2-Technique de martelage et de ciselure du métal permettant d'obtenir un décor en fort relief.

3-La convention de Washington appliquée depuis 1975 interdit le commerce de cette écaille, même pour les stocks anciens. En France, le travail de l’écaille de tortue est très encadré juridiquement : seuls les stocks d’écailles répertoriés par les douanes et les services vétérinaires sont utilisés par les artisans d’art et ébénistes détenteurs d’une autorisation préfectorale, habilités à travailler ce matériau.