La peinture de bataille occupe dans la hiérarchie des genres, une place médiane, dont le sommet est la peinture religieuse et la peinture d'histoire. Cette scène peut être attribuée à un élève du Cavalier d'Arpin ou au maître lui-même. Opposant des Turcs (guerriers enturbannés, porteurs de sabres et de lances), ce type de bataille rappelle la longue lutte menée par l'occident chrétien contre les musulmans, l'affrontement de deux religions, de deux civilisations. Les Génois et les Napolitains furent les spécialistes du genre: les "bataillistes" les plus célèbres furent Castiglione, Falcone et Salvator Rosa et le Français Jacques Courtois à Rome.
Sur ce panneau, les indications de temps et de lieu sont absentes ; seul compte l'affrontement entre les deux armées. L'éclairage rasant, issu de la gauche, laisse une grande partie de terrain dans une pénombre semi-nocturne. Aux pelages bruns des chevaux s'opposent les tuniques brillantes et colorées, les armures, les armes, les turbans et les plumets des casques, qui retiennent l'éclat de la lumière. Le dessin, précis et rigoureux de l'artiste, accentue les musculatures des soldats et les attitudes fougueuses des chevaux. Une grande diagonale, dirigée depuis la gauche sur le centre du tableau, amène le regard sur le drapeau blanc d'un cavalier occidental pourchassant devant lui les fantassins ennemis, foule compacte et sombre. Symbole de la victoire, ce drapeau est aussi parmi d'autres indications un rappel manifeste de la supériorité de l'armée occidentale contre les Turcs, subissant ici de sérieux revers. La violence du combat est également amplifiée par la multiplicité des lignes obliques (sabres, lances, épées, bras tendus), et rappelée au premier plan par ces deux soldats achevant des turcs avec ardeur. La profusion des armes, la force des chocs et la brutalité des coups portés, la suggestion d'un nombre important de soldats, donnent à la composition une impression de contrastes de grande violence et de tumulte.
Le clair-obscur fort bien maîtrisé met en valeur la ville, située sur une colline: s'agit-il d'une ville chrétienne défendue contre l'invasion musulmane? .. Le panneau présente-t-il vraiment la totalité de la composition initiale? Étalé en une large frise, ce tableau, qui oblige le spectateur à une lecture très étalée et détaillée, est admirablement traduit. A la charnière du XVIe et du XVIIe siècle, encore proche des batailles de Giulio Romano, par exemple, cette œuvre regroupe deux tendances, que les "bataillistes" du XVIIe siècle distingueront : une scène répartie par masses, la plupart du temps pyramidales, dans laquelle l'artiste pénètre, ou bien une présentation en frise, laissant le spectateur en dehors du combat.
Le rappel de l'antiquité, au niveau des armures comme à celui du traitement des corps, est évident, mais cependant la composition très éloignée des compositions de Raphaël ou de Le Brun présente un certain parti pris de réalisme et de classicisme qui fut le propre de l'école romaine au XVIIe siècle. (Marie-Pascale Bault)
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
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