Le Marquis d'Artaguiette en buveur
- 842.1.1Portrait de Jean-Baptiste-Martin d'Artaguiette d'Iron dit le Marquis d'Artaguiette, seigneur de La Mothe-Sainte-Héraye : directeur de la Compagnie des Indes Occidentales vécut plusieurs années en Louisiane, mandaté par le Roi pour des missions officielles sur ce territoire. Il est représenté assis devant une table, soulevant de la main droite un flacon de vin fin, sur lequel il jette un regard mêlé de sensualité. Sa main gauche est posée sur la table et maintient un verre à pied. Devant lui sur cette même table sont disposés une miche de pain et un morceau de viande dans une assiette.
Description d'après Henri Clouzot :
Le Marquis d'Artaguiette est représenté à table, soulevant de la main droite un flacon de vin qu'il contemple amoureusement. Les yeux qui ont ce rayon humide des Chardin, un tout petit éclair blanc dans le coin, pétillent d'aise, les ailes du nez papillotent ; la bouche s'entrouve voluptueusement. On lit sur cette figure réjouie le plaisir que lui cause ce bon vieux vin de Saintonge. Oh! la fine bouteille, et comme elle illumine le tableau. La lumière s'y charge de rubis avant de venir éclairer les joues émérillonnées du buveur, les yeux ne la quittent pas, le nez respire son parfum, l'oreille qu'on devine sous la perruque frisée n'en perd pas un glou-glou. Comme ce vrai gourmet sait bien jouir de tous ces petits plaisirs préliminaires, comme il retarde savamment son bonheur pour le rendre plus complet! Il n'est pas jusqu'aux mains qui ne participent au mouvement général. Très soignées toutes deux, celle qui tient le flacon a seule de la vie, l'autre retombe négligemment sur la table.
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
Le Marquis d'Artaguiette en buveur
Commentaires d'après Henri Clouzot :
On a longtemps attribué ce tableau à Chardin Charles Blanc, dans sa Vie des Peintres, l'a catalogué sous ce nom, et il figure encore dans l'Etude sur Chardin des Goncourt, c'est qu'en effet ce petit seigneur sans prétention, vêtu d'un modeste habit marron tout uni, a bien l'air bourgeois des toiles du maître : cet étroit éclair blanc que figure le verre, se rerouve dans tous ses tableaux. Mais Chardin le peintre des accessoisres, des intérieurs minutieux, n'eût pas laissé cette table presque nue avec une simple assiette et un morceau de pain, les vêtements, la dentelle du jabot, les manchettes surtout eussent été plus soignées : le fond, bien que bitumeux comme celui-ci, eût laisé deviner une desserte, une arme pendue au mur, l'éclair d'un fusil, d'un plat d'étain. Ajoutons aussi que dans ses petits tableaux, Chardin n'a pas toujours atteint la finesse du modelé, la coloration de chair, l'expression de cette grande et bonne figure.
En 1873, après une restauration malheureusement confiée à un artiste inexpérimenté qui enleva tous les glacis et diminua considérablement la valeur de cette oeuvre d'art, on peut lire la signature d'Alexis Grimou, excellent et ivrogne émérite. Ainsi s'expliqua cette pose un peu risquée pour le portrait d'un marquis. Notre peintre l'affectionnait sans doute tout particulièrement, puisque dans son propre portrait (collection de M. Paul Lesourd, à Tours, exposition rétrospective de Tours en 1890, n°70), on l'a retrouvé presque identique, avec les mêmes accessoires. Il faut convenir, en tout cas qu'elle est pleine de vie et d'originalité.
Grimou
1720
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