La muse Érato, ailée, est figurée à mi-corps, sise de trois-quarts, face au spectateur. Elle est reconnaissable à son attribut, la lyre. Elle cherche l'inspiration, le regard tourné vers le ciel. L'Amour à senestre, qui prend ici l'apparence d'un putto, représenté de profil, la contemple et semble lui apporter l'inspiration en lui montrant une médaille frappée du portrait de Sapho, célèbre poétesse grecque de l'île de Lesbos. Le groupe occupe la majeure partie de l'espace au premier plan. Au second plan, un paysage composé d'arbres, de nuages vaporeux et de montagnes ouvre la toile à droite et crée la profondeur. Erato, couronnée de fleurs, est légèrement vêtue d'une robe "à la grecque" de couleur blanche nacrée laissant toute la partie haute de son buste dénudée. Un drapé ocre rouge fait le tour et recouvre ses jambes. La lumière provenant d'en haut à gauche du tableau se diffuse avec douceur sur les deux personnages. Les plumes des ailes, la légèreté des tissus, le bijou porté au bras de la muse agrémenté de perles sont traités avec grande vérité. Réalité saisie dans les moindres détails, comme le montre le reflet de la trompette et du volume qui prend forme sur le côté de la lyre. Tous ces objets reproduits avec une grande précision, reposent sur un socle au décor sculpté antique : un élément décoratif emprunté au vocabulaire archéologique de l'époque. Le cadran de la lyre fait lui aussi référence à l'antiquité en figurant deux petits dauphins. La palette de couleurs est assez sommaire (ocre jaune, ocre rouge, bruns, bleus). Les objets sont décrits avec une grande précision et un relief accusé. Belle écriture des étoffes. Allusion à la poésie érotique qui avait fait l'objet d'une certaine censure.