La cinquantaine de planches de la série, Patamousse réalisées pendant et juste après la Seconde Guerre mondiale, sont contemporaines de La Bête est morte ! et de Rosalie. Relevant exclusivement du genre animalier, elles sont réalisées en noir et blanc, dans un format plus grand que celui auquel travaillait habituellement Calvo. Oscillant entre la chronique forestière et le récit fantastique, les trois épisodes de Patamousse jouent sur la mise en abyme : une fois conte fantastique, une autre fois enquête policière présentée comme une projection de film auxquels sont conviés les habitants des sous-bois. Certaines pages sont justement célèbres : l'entrée en scène d'un loup borgne et altéré de sang, la ronde innocente de lapins et d'écureuils dans un sous-bois d'une obscurité ambivalente, la course sinueuse d'une baleine en pleine mer, la fabrication (puis la dislocation) d'une voiture en bois : autant de pages mémorables, et les premières qui ont été rééditées dans les années 1970. Elles ont établi la réputation de Calvo chez les nouveaux lecteurs de l'époque.

Six planches crayonnées, et donc inédites, dépourvues de texte mais suffisamment explicites, constituent sans doute les vestiges de l'épisode sur lequel travaillait Calvo dans les années 1940, et qu'il abandonna pour des raisons inconnues. Le découpage en est assez élaboré pour comprendre qu'il s'agissait de mettre en scène un groupe de jeunes lapins qui, pour défendre leur pays, décident de s'enrôler et découvrent certaines des joies de la vie militaire. La tonalité patriotique de cet ensemble dessiné avec une sûreté impressionnante (pas de ratures, pas de trace de gommage ou de reprise) incline à le situer chronologiquement dans la suite (ou juste avant ?) la réalisation de La Bête est morte !