Esquisse recto verso : recto, Angoulême 2003 ; verso, Sans titre

Né en avril 1956 à Bruxelles dans une famille d'architectes (son père, Robert Schuiten, était un architecte très en vue à Bruxelles dans les années 1950-1960), François Schuiten, dessinateur de bande dessinée et scénographe belge a publié sa première histoire courte dessinée au bic et intitulée Mutation, dans l’édition belge de Pilote, alors qu’il n’avait que 16 ans. Après avoir étudié à l’atelier bande dessinée de l’Institut Saint-Luc, animé par Claude Renard, il a collaboré en 1977-1980, aux trois volumes du 9ème Rêve d’où émergèrent les principaux artisans du renouveau de la bande dessinée belge.

En collaboration avec son frère aîné Luc Schuiten, il élabore au fil des ans le cycle des Terres creuses dans Métal Hurlant. Trois albums sont parus : Carapaces, Zara et Nogegon, réédités en 1981 chez Casterman. Depuis 1982, il travaille avec son ami d'enfance Benoît Peeters à la série Les Cités obscures, publiant successivement une quinzaine d'albums en français aux éditions Casterman, Les murailles de Samaris, La fièvre d'Urbicande, L'Archiviste, La Tour, La route d'Armilia, Brüsel, L’Echo des Cités, L'Enfant penchée, Le Guide des Cités, L’ombre d’un homme et La Frontière invisible ainsi que The Book of Schuiten et Les Portes du Possible (tous aux éditions Casterman).

Huit de ces albums, qui ont rendu leurs auteurs célèbres sont des bandes dessinées à part entière. Les autres explorent des formes différentes de narration, récit illustré, recueil de journaux, conte pour enfants, guide de voyage, dramatique sonore, DVD vidéo, etc. Depuis 1996, Les Cités obscures se développent également sur Internet, avec la participation des lecteurs.

Les albums ont été traduits dans une dizaine de langues et ont obtenu de nombreuses récompenses, dont le Grand prix Manga au Japan Media Arts Festival en 2013, attribué pour la première fois à des européens. En 2002, François Schuiten avait d’ores et déjà reçu le Grand prix de la ville d'Angoulême.

                                                                                                                                      La La série Les Cités obscures est située dans un univers parallèle au nôtre, qui comporte de multiples références et de nombreux passages vers le monde réel. D’une extraordinaire cohérence, cet univers fantasmatique déploie ses variations autour de motifs récurrents, comme la construction, le vol, etc. Son exploration, à la suite de protagonistes aventureux, se décline dans les descriptions de faunes et de flores étranges, d’us et coutumes décalés et surtout, de sa composante fondamentale, une architecture rêvée multiforme, obsédante. Chaque cité dessinée est en effet dotée d’un style architectural spécifique, qui module la psychologie des personnages et les inflexions du  récit.

L’univers créatif de François Schuiten ne se limite par ailleurs pas à celui du neuvième art et prend vie dans de nombreuses disciplines, comme l’architecture, le théâtre, la télévision et le cinéma. Il a ainsi collaboré à la conception graphique de plusieurs films, dont Taxandria de Raoul Servais et est le coauteur d'une série en animation de synthèse, Les Quarxs de Maurice Benayoun.

Avec Benoît Peeters, il est également le coscénariste de deux documentaires-fiction, Le Dossier B et L'Affaire Décombres.

Parallèlement, il a scénographié un opéra de Rossini, La Cenerentola, monté au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles, ainsi qu’à l’Opéra de Lyon et réalisé de très nombreuses autres scénographies, dont La Ville imaginaire (Cités-Ciné Montréal), Le Musée des Ombres (présenté successivement au CNBDI à Angoulême, à Sierre, Bruxelles et Paris), et celle du Pavillon du Grand-Duché de Luxembourg, à l'Exposition Universelle de Séville. Il a également créé le décor de deux stations de métro, à Bruxelles (Porte de Hal) et à Paris (Arts et Métiers). Il fut aussi le concepteur du gigantesque Pavillon des Utopies à l’Exposition Universelle d’Hanovre en l'an 2000, ainsi que du pavillon belge à l'Exposition de Aïchi en 2005.

Avec Benoît Peeters, il a enfin suivi à Bruxelles le chantier de restauration et d'aménagement scénographique de la Maison Autrique, premier édifice Art Nouveau de l’architecte Victor Horta.

Il a en outre dessiné d'innombrables affiches, illustrations, sérigraphies et lithographies et réalisé une dizaine de timbres-poste pour La Poste belge.  

En 2012, François Schuiten, anticipant l’avenir en accord avec Benoît Peeters pour les œuvres le concernant, a décidé de faire don de la majorité de ses œuvres graphiques à de grandes institutions patrimoniales de conservation et de diffusion, essentiellement belges et françaises. Ceci dans une  perspective d’évitement de la dispersion ultérieure de leur unité ou de leur fragmentation artificielle sur le marché de l’art, pour en préserver la cohérence et pour les protéger. Outre la Bibliothèque Nationale de France, qui a été destinataire de plusieurs récits complets, la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image et le musée de la bande dessinée ont la chance de pouvoir recevoir de cet auteur majeur un ensemble de 24 esquisses, esquisses scénographiques et planches originales, se rapportant à divers évènements (projets d’affiches pour le Festival d’Angoulême, planches réalisées par le dessinateur en hommage à d’autres auteurs présentés dans des expositions ayant eu lieu (Cent pour cent), ou ayant lieu actuellement (Spirou, un héros dynamique), au musée de la bande dessinée, ou encore en esquisses scénographiques pour Les livres de l’ombre).

Ce don généreux permettra de faire figurer, au sein des rotations trisannuelles du parcours permanent des collections muséales, des illustrations variées du grand style à la fois prospectif et réaliste de François Schuiten, dont les œuvres atteignent désormais sur le marché de l’art des prix difficilement accessibles pour un budget annuel modeste.