Histoire de Mr de Vertpré et de sa ménagère aussi.

Recueil comportant 23 pages dessinées, 10 pages ne contiennent que des encadrements tracés à la plume et laissés vide par inachèvement, dessin à la plume et à l'encre brune sur traits de crayon graphite, sur papier. Sur le contreplat avant, une étiquette mentionne "Rue Royale, 43, Librairie Guilland-Verger Tours." 

C’est au dessinateur suisse Rodolphe Töpffer (1799-1846) qu’il revint d’inventer la bande dessinée en faisant de la littérature en estampes. Töpffer publia en 1833 une Histoire de Mr Jabot qui inspira les plagiaires.

Dès 1839 en France, la maison d’édition parisienne Aubert, l’éditeur de Daumier, reproduisit sans autorisation trois albums du genevois relatant les aventures comiques de M. Jabot, M. Crépin et M. Vieux-Bois, et les vendit avec force publicité. Devant le succès de l’affaire, la maison Aubert commanda d’autres albums à des artistes français qui imitèrent l’esprit des aventures topffériennes.

Une exécution des dessins en xylographie remplaça la lithographie utilisée par les éditions suisses. Ainsi parurent douze albums entre 1839 et 1847 que l’on appela des Jabot en référence à la première histoire piratée. Les Jabot constituèrent en quelque sorte les incunables de la bande dessinée française. Le principal artisan de la série fut le dessinateur Amédée de Noé, dit Cham, alors au début de sa carrière. Mais le douzième et dernier album est signé du jeune Gustave Doré.

Le cinquième ouvrage de la collection, Histoire de Mr de Vertpré et de sa ménagère, édité en 1840, a été attribué tantôt à Töpffer lui-même, tantôt à Cham, alors que son frontispice porte le monogramme EF et que le nom de son auteur est indiqué dans le catalogue d’Aubert. Cet auteur est Eugène Forest (1808 - 1891). Eugène Hippolyte Forest est un peintre, lithographe, graveur et caricaturiste français. Elève de Camille Roqueplan, il exposa au Salon de Paris des tableaux de paysages et des études d’oiseaux. Mais il se distingua surtout dans l’illustration de journaux satiriques et de livres. Il collabora à des journaux tels que La Silhouette, La Caricature, Le Charivari, aux côtésde génies tels que Daumier et Grandville. Il travailla beaucoup avec ce dernier dont il grava les dessins.

Episode campagnard de la plate vie d’un bourgeois prudhommesque, l’Histoire de Mr de Vertpré s’inscrit dans la lignée des récits cocasses de Rodolphe Töpffer, mais évoque aussi le monde d’Henry Monnier, que fréquenta Eugène Forest. L’artiste sait moduler son graphisme pour s’inscrire dans la continuité de Töpffer et de Cham, contribuant à élaborer avec eux un langage plastique qui sera celui de la bande dessinée, non plus de la caricature ou de l’illustration d’ouvrages.

Le carnet présenté contient les dessins préparatoires d’une première moitié de l’album de 1840, exécutés d’une main si sûre qu’ils ne laissent pas de doute sur leur caractère autographe. Le peu de variantes entre les dessins originaux et leur version imprimée suggère que Forest avait déjà dû crayonner un premier scénario, de sorte que ces dessins s’apparentent à une mise au propre.