En 2012, François Schuiten, anticipant l’avenir en accord avec Benoît Peeters pour les œuvres le concernant, a décidé de faire don de la majorité de ses œuvres graphiques à de grandes institutions patrimoniales de conservation et de diffusion, essentiellement belges et françaises. Ceci dans une perspective d’évitement de la dispersion ultérieure de leur unité ou de leur fragmentation artificielle sur le marché de l’art, pour en préserver la cohérence et pour les protéger. Outre la Bibliothèque Nationale de France, qui a été destinataire de plusieurs récits complets, la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image et le musée de la bande dessinée ont la chance d’avoir reçu de cet auteur majeur un ensemble d’esquisses, esquisses scénographiques et planches originales, se rapportant à divers évènements.

Cette fois-ci, François Schuiten, par l’intermédiaire du galeriste Michel Wittamer, offre au musée de la bande dessinée une sculpture, Galaxy, œuvre extraordinaire née de son imagination. Cette œuvre a vu le jour, suite à la demande de Michel Wittamer et en souvenir des années où il présenta dans sa galerie de l’avenue Louise à Bruxelles, des originaux de bande dessinée.La Galerie M. Wittamer fut la première galerie d’Art à présenter des planches originales de bande dessinée : Franquin, Schuiten, Hergé, Bilal, Moebius, Manara, Milton Caniff et bien d’autres.

François Schuiten, pour répondre à cette demande, a réfléchi à un objet mécanique stellaire, un microcosme né de son imagination, une machine qui exprimerait l’entrelacement entre les formes primaires géométriques et les images symboliques qui forment ses deux univers. Ceci a demandé plusieurs années de mûrissement et d’apprentissage de techniques afin de concrétiser un objet hors normes dont il fallait à tout moment mettre en commun technique et esthétique. Ce long processus de travail a supposé : des esquisses et dessins sur volumes en trois dimensions ; une étroite coopération avec l’ébéniste et le sculpteur Karl Theiss ainsi que différents ateliers de moulage et fonderie. Il a enfin fallu renouer avec des techniques anciennes pour fixer des dessins sur formes sphériques en bronze.

Après des années d’élaboration continue, une œuvre, hors normes pour l’artiste mais qui synthétise tout son univers, a été créée. Ainsi est née l’œuvre Galaxy. Il s’agit d’une demi-sphère en bronze (globe terrestre ?) sur pied cylindrique qui s’insère dans un support tripode. Dans le prolongement du pied cylindrique, sous le socle, une manivelle permet l’ouverture ou la fermeture d’une seconde demi-sphère ciselée en bronze (motifs astraux accompagnés de 3 personnages dont un ailé et d’un cheval, tous quatre entrelacés dans des formes géométriques) à deux vantaux, qui, lorsqu’elle est ouverte complète la partie pleine et en position fermée vient s’insérer à l’intérieur de la demi-sphère pleine. Au cœur de ces deux sphères, un dodécaèdre en bois repose sur un mince pied cylindrique. L’intérieur de la demi-sphère pleine est recouvert d’un dessin aux crayons sur trait noir imprimé et mis en couleurs à l’acrylique sur papier Modigliani, signé au crayon. Ce dessin représente d’immenses formes géométriques sur fond de paysage architectural futuriste et de flore exotique. Sur le cylindre, on peut lire les inscriptions gravées des noms des principaux artistes exposés à la galerie Wittamer : 1984 Moebius - Peyo - Schuiten - Renard ; 1985 Hergé - Liberatore – Manara ; 1986 Caniff - Bilal – Franquin.