Orphée
- 2016.3.1Probablement exécuté vers 1927, ce tableau aurait servi de décor pour la pièce d'Henri Bernstein, Le Jour, dont les représentations sont données dès décembre 1930 au théâtre du Gymnase. Ce tableau figure dans un projet de décor à l'aquarelle.
« Ils n'étaient plus éloignés, la limite franchie, de fouler la surface de la terre. »
Ovide, Métamorphoses, X
Le mythe grec d’Orphée, poète et musicien, retrace sa descente aux Enfers et son échec à ramener sa femme Eurydice dans le monde des vivants. Capable de charmer par sa lyre les animaux sauvages, ici un couple de lions, et même Cerbère, le chien à trois têtes gardien des lieux, Orphée enfreint la condition posée par le dieu des Enfers de ne pas se retourner vers son épouse lors de sa remontée au jour. Un seul coup d’œil aura suffi pour qu’il la perde pour toujours.
L’instant représenté est-il celui d’avant ou d’après cette tentative avortée de résurrection - cette deuxième mort d’Eurydice, pourrait-on dire ?
Tout concourt à l’impression de désolation et d’impuissance. Ciel lavé de pleurs, amas de blocs sombres, le sinistre camaïeu de gris n’est ponctué que par les taches fauves des félins, de la tête du poète et de sa lyre. Minuscule à l’échelle du chaos céleste et minéral, comme écrasé par le sort, Orphée marche vers la gauche, comme à rebours. Eurydice fut-elle une nymphe des arbres, le paysage est désertique, au bord de l’outre-monde, au seuil de l’ultime épreuve.
Ce tableau, totalement singulier dans l’œuvre du grand portraitiste Art déco, ne traduit-t-il pas un regard autobiographique, intime et profond, du peintre élégant et mondain ?
Plutôt que ceux de la campagne grecque, les rochers noirs ne sont-ils pas ceux de l’Adrar des Ifoghas (ill. 1), massif saharien qu’il dut découvrir en servant dans l’aviation au Maroc pendant la Grande Guerre ? Les cieux plombés ne sont-ils pas ceux de sa chère campagne de Nemours, si souvent peints à ses débuts et encore dans son dernier autoportrait (ill. 2) ? Les deux lévriers roux qu’il regarde, mélancolique, ne sont-ils pas le pendant exact des deux lions accompagnant Orphée vingt ans plus tôt ?
Figure classique de l’artiste - pensons à Gustave Moreau -, Orphée, dans ce tableau-collage d’éléments personnels, n’est-il pas simplement, déjà, la figure prémonitoire de l’homme avant l’instant d’après ?
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
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17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
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Orphée
(s.b.d.)
Bernard B. de Monvel
Orphée 28 (au dos)
Profiles, Bernard Boutet de Monvel, Knoedler Galleries, NY, 10-29 novembre 1947, n° 52 (étiquette d'exposition, au dos)
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